Le fameux adage "l'argent ne fait pas le bonheur" est donc confirmé par les scientifiques anglais, qui infirment dans la foulée cette autre affirmation fréquente qui voudrait que "l'argent ne fait pas le bonheur, il y contribue".
Ces spécialistes ont étudié quatre pays: l'Angleterre, l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Australie. Partout, les gens ne se disent pas plus satisfaits de leur existence, alors même que le développement économique de ces pays a été important au cours des dernières décennies.
Le paradoxe d'Easterlin explicité
L'économiste Richard Easterlin avait déjà mis en évidence ce phénomène en 1974. Et sa conclusion était la même: une fois qu'une société a atteint un certain seuil de richesse, la poursuite de son développement économique n'a pas d'effet sur l'évolution du bien-être moyen de sa population. C'est ce qu'on appelle le paradoxe d'Easterlin.
Aujourd'hui, les chercheurs de la London School of Economics ont une explication à ce phénomène. D'abord, chacun s'adapte à un niveau de vie plus élevé - un privilège qui devient normal, en quelque sorte. A cela s'ajoute le fait qu'on évolue avec des pairs qui nous servent de point de comparaison, de référence.
Les chercheurs ont donc inversé la question. Plutôt que de se concentrer sur une corrélation entre argent et bonheur, ils se sont demandé ce qui rendait les gens malheureux - ce qui sépare les plus misérables de nos sociétés des plus satisfaits dans nos sociétés.
Le mal-être vient de la dépression
La réponse est sans appel: il s'agit de la maladie mentale - anxiété, sentiment de solitude, dépression. Ces maux sont sous-estimés dans les sociétés occidentales, pas ou peu soignés, mais ont pourtant un impact essentiel sur le bien-être de la population.
C'est la raison pour laquelle les scientifiques suggèrent de revoir nos politiques. Plutôt que de miser sur la croissance économique et le plein emploi, elles devraient miser sur un niveau de bien-être de la population. Celui-ci serait du reste décisif pour la réélection d'un gouvernement, bien plus que le niveau de chômage, le niveau d'inflation ou le niveau de croissance économique d'un pays. Les politiques seront peut-être intéressés de l'apprendre.
Katja Schaer/oang