Plus de huit ans après le début de la crise, les idées de John Maynard Keynes suscitent encore des discussions enflammés, de la relance de la croissance par la dépense publique à l'Etat providence, ou encore le contrôle des flux des capitaux ou ses réticences face à la mondialisation financière.
Keynes (1883-1946), réputé à tort avoir été l'instigateur du New Deal aux Etats-Unis, lancé avant la publication en 1936 de son oeuvre majeure "La théorie générale", ne jugeait pas la finance comme son ennemi, mais il appelait à s'en méfier fortement. L'économiste récuse l'idée d'un équilibre spontané des marchés qui déboucherait sur le plein emploi.
Opposé à l'autorégulation
Des principes pourtant battus en brèche par le triomphe du néolibéralisme dans les années 80 avec l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan aux Etats-Unis et de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, au point que Keynes est devenu presque un gros mot pour les économistes qui prônent l'autorégulation des marchés.
Dans "La lettre à mes petits-enfants", ouvrage publié en 1930 après le krach de Wall Street, au moment où le monde plongeait dans la grande dépression, il évoquait déjà la diminution du temps de travail ou le défi de l'automatisation.
Fin du capitalisme
Keynes se disait convaincu que le capitalisme arriverait à sa fin, qu'il n'était qu'une période de transition dans l'histoire, et il se plaignait constamment des "fausses valeurs" portées par ce système comme "l'amour de l'argent pour l'argent".
Or, le capitalisme a subsisté en imposant de nouveaux besoins, comme la téléphonie mobile, souligne l'éditeur Henri Trubert.
afp/kkub