Pour le président de Syngenta Michel Demaré, le processus de rachat de Syngenta par ChemChina est sur le point d'aboutir: "Le bout du tunnel est certainement très proche: une étape très importante était l'approbation du CFIUS (Comité pour l'investissement étranger aux Etats-Unis (CFIUS) au mois d'août", a-t-il indiqué dans Forum.
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"Nous avons déjà 13 gouvernements qui nous ont donné l'accord: les deux prochains sur la liste sont les Etats-Unis et la communauté européenne. Nous sommes très optimistes pour une conclusion dans les semaines à venir. Après cela il restera quelques pays, dont la Chine par exemple, qui doit encore donner son accord".
Michel Demaré a également évoqué le nouveau président américain Donald Trump qui a annoncé un retour au protectionnisme. Pour lui, son arrivée au pouvoir ne devrait pas menacer le deal entre Syngenta et ChemChina.
Les Etats-Unis, un marché important
"La décision du mois d'août est très difficile à retourner. Il est clair que les Etats-Unis sont un marché important pour Syngenta, avec à peu près 30% de notre chiffre d'affaires, mais une grosse partie est produit aux Etats-Unis. Ainsi, les semences sont des produits locaux, nous rentrons donc un peu dans les nouveaux critères du président américain".
"Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de rencontrer Donald Trump à ce stade, comme l'ont fait les dirigeants de Monsanto. Nous sommes beaucoup plus avancés dans le processus. De plus, ces deux transactions sont très différentes: Monsanto-Bayer est vraiment une fusion alors que pour Syngenta c'est un changement de propriétaire.
Utiliser Syngenta comme une plateforme
"ChemChina rachète un nom, un savoir-faire et il est clair que ses dirigeants veulent continuer à bâtir la-dessus. En plus nous avons mis en place un système de gouvernance assez sophistiqué: 4 administrateurs sur 10 seront indépendants et viennent de Syngenta. Nous avons une liste d'activités pour lesquelles nous avons un droit de veto".
"Cela démontre que les intentions de ChemChina et de la Chine derrière sont vraiment d'utiliser Syngenta comme une plateforme pour moderniser l'agriculture chinoise. C'est beaucoup plus important pour eux que de s'approprier des brevets", a encore indiqué Michel Demaré.
Propos recueillis par Frédéric Mamaïs, envoyé spécial à Davos