Cela s'appelle l'AdBlue. C'est un mélange d'urée et d'eau qui, lorsqu'on l'injecte dans le système d'échappement, permet de réduire jusqu'à 90% la pollution à l'oxyde d'azote rejetée. La plupart des poids lourds adoptent désormais cette technologie.
Or elle coûte cher. Des exploitants peu scrupuleux basés en Europe de l'Est ont trouvé la parade: ils ont installé dans leurs camions un dispositif permettant de désactiver l'injection d'AdBlue. Un peu comme l'avait fait Volkswagen avec le diesel.
Dépassement des valeurs maximales
L'émission "Kassensturz", diffusée mardi soir sur la télévision alémanique SRF, a montré que le phénomène ne s'arrêtait pas à la frontière suisse. Elle a chargé Denis Pöhler, physicien à l'Université d'Heidelberg en Allemagne, de mesurer en conditions réelles sur des routes helvétiques les émissions d'oxyde d'azote.
Bien que non représentatif, son test montre qui si tous les camions suisses respectent les normes, un quart des poids lourds immatriculés à l'étranger dépassent les seuils autorisés, atteignant parfois jusqu'à 5 fois la valeur maximale.
Fraudeurs identifiés en Suisse
Peu avant la diffusion de l'émission, la police du canton d'Uri a fait savoir qu'elle avait découvert quatre véhicules qui avaient installé le dispositif anti-AdBlue. C'est la première fois en Suisse.
Les autorités disent vouloir évaluer l'ampleur du phénomène avant de prendre des mesures. Des contrôles pourraient par exemple être menés à la sortie du tunnel du Gothard, à Erstfeld (UR).
En Allemagne, plus de 20% des camions provenant de l'est de l'Europe circulent avec des émissions polluantes dépassant les normes, ainsi que l'a montré un documentaire de la chaîne allemande ZDF mi-janvier.
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Les Verts pressent le Conseil fédéral d'agir
Par l'intermédiaire de sa vice-présidente Lisa Mazzone, les Verts ont demandé au Conseil fédéral de mettre sur pied un "plan d'action".
"En intensifiant les contrôles et en renforçant les sanctions, on peut empêcher que des véhicules manipulés circulent en Suisse", fait valoir la conseillère nationale genevoise.
Les Verts demandent en outre à combien se montent les préjudices financiers. Comme ils affichent un taux de pollution moins élevé, les camions fraudeurs s'acquittent aussi d'une redevance moindre.