Athènes a accepté de légiférer des mesures qui permettront de remplir les objectifs budgétaires fixés par ses créanciers européens, permettant ainsi d'avancer sur son plan de sauvetage. "Je suis très heureux du résultat aujourd'hui", a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, lors d'une conférence de presse après une réunion - inhabituellement courte - des 19 ministres des Finances de la zone euro.
Après l'annonce de cette concession, les chefs de mission (représentant les créanciers de la Grèce, la zone euro et le FMI) vont pouvoir retourner à Athènes pour finaliser l'accord. Ils "vont travailler avec les autorités grecques sur un paquet supplémentaire de réformes structurelles du système fiscal, du système des retraites et de la régulation du marché du travail", a ajouté Jeroen Dijsselbloem, qui est également le ministre néerlandais des Finances.
Un "pas important"
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a déclaré: "Nous avons franchi un pas important vers une conclusion de la 'seconde revue'" - sorte de point d'étape du plan d'aide à la Grèce, qui doit déboucher sur un accord complet et définitif permettant le déboursement d'une nouvelle tranche du prêt de 86 milliards d'euros (90,6 milliards de francs), consenti à l'été 2015, dans le cadre du troisième plan d'aide.
Depuis des mois, les négociations entre la Grèce et ses bailleurs de fonds - zone euro et FMI - piétinent, suscitant l'inquiétude croissante des marchés financiers et alors que la tenue d'élections, en mars aux Pays-Bas puis d'avril à juin en France et enfin en septembre en Allemagne, risque de freiner toute prise de décision. Théoriquement, la Grèce a de la marge jusqu'à juillet, mais pas au delà, car elle doit alors honorer des créances de plus de sept milliards d'euros.
Le FMI veut "davantage de progrès"
"Davantage de progrès sera nécessaire pour aplanir les divergences sur d'autres questions importantes, et il est trop tôt pour spéculer sur la perspective d'arriver à un accord durant cette mission", prévient toutefois le FMI.
Les négociations entre Athènes et ses créanciers butent depuis des mois sur les différences d'évaluation de la situation économique de la Grèce dans les prochaines années et les remèdes à lui proposer.
Non convaincu par les arguments des Européens, le FMI, qui a joué un rôle central lors des deux premiers plans de sauvetage de la Grèce, en 2010 et 2012, est pour l'instant un simple conseiller technique dans le troisième plan et refuse de s'engager financièrement.
Le FMI estime tout d'abord que les objectifs budgétaires fixés à Athènes par les Européens sont trop ambitieux: il table sur un excédent budgétaire primaire grec (sans paiement des intérêt de la dette) de 1,5% du Produit intérieur Brut (PIB) en 2018. La zone euro mise elle sur 3,5%. (Lire encadré).
agences/fme
Trois points de discorde
Pour que l'objectif des 3,5% du PIB soit atteint en 2018 et au delà - comme l'attendent les Européens -, le FMI demandait au gouvernement grec de pré-légiférer dès maintenant sur des mesures permettant de dégager les 2% du PIB manquants.
Deuxième point d'achoppement: le nombre d'années pendant lesquelles la Grèce doit dégager un excédent budgétaire primaire de 3,5% du PIB après 2018. L'accord sur le plan d'aide scellé à la mi-2015 évoquait laconiquement "le moyen terme". Cette question n'a pas encore été réglée.
Enfin, troisième pomme de discorde: la dette grecque, qui s'élevait à près de 180% du PIB en 2016. Le FMI la juge "explosive" et souhaiterait des allégements significatifs ce que l'Allemagne, premier créancier d'Athènes, refuse.
Rencontre mercredi à Berlin
La réunion de lundi sera suivie par une rencontre mercredi à Berlin qui pourrait s'avérer cruciale entre la chancelière Angela Merkel et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde. La dirigeante allemande doit ensuite dîner avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.