Le gouvernement américain Trump, aux positions climato-sceptiques et hostiles au libre-échange, a réussi à peser sur la gouvernance mondiale. Washington a fait retirer samedi du communiqué final du G20 Finances les mentions du protectionnisme et de l'Accord de Paris.
"Un désaccord entre un pays et tous les autres", a résumé le ministre français Michel Sapin lors d'une conférence de presse.
Négociations laborieuses
Sur le commerce mondial, "nous travaillons à renforcer la contribution du commerce à nos économies", écrivent sobrement les ministres des pays les plus puissants du monde réunis vendredi et samedi à Baden-Baden, en Allemagne, pour des négociations laborieuses sur ces deux points.
La traditionnelle condamnation du protectionnisme que le G20 reprenait comme en antienne a donc disparu du texte de cinq pages. Selon plusieurs sources, les Etats-Unis s'y opposaient, compte tenu des positions hostiles au libre-échange de Donald Trump.
De même, aucune mention de l'Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique, quelques jours après la présentation par l'administration américaine d'un projet de budget qui sabre les fonds alloués à la lutte contre le réchauffement et alors que Donald Trump a multiplié les sorties hostiles à la lutte contre le changement climatique.
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Renégocier les accords de l'OMC?
Le secrétaire d'Etat américain au Trésor Steven Mnuchin a en outre déclaré samedi à l'issue d'une réunion du G20 Finances que les Etats-Unis n'excluaient pas de renégocier les accords multilatéraux de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui ne les satisfont pas.
"Nous pensons que certaines parties de l'OMC ne sont pas appliquées, et nous allons tenter avec pugnacité de les faire appliquer dans l'intérêt des travailleurs américains", a déclaré Steven Mnuchin en conférence de presse, ajoutant que ces "accords sont de vieux accords et s'ils ont besoin d'être renégociés, nous envisagerons cela également".
ats/jgal
La France affiche "des regrets"
Je regrette (...) que nos discussions aujourd'hui n'aient pas pu aboutir de manière satisfaisante sur deux priorités absolument essentielles dans notre monde actuel et sur lesquelles la France souhaite que le G20 continue à agir fermement et de manière concertée", a réagi le ministre français Michel Sapin.
Il a toutefois estimé que ces absences ne traduisaient pas un recul ou une inflexion de la gouvernance mondiale. "Il n'y a aucun infléchissement de la position du G20, c'est parce qu'il n'a pas voulu infléchir sa position qu'il n'y a pas eu de mention" sur le libre-échange et Paris, a-t-il assuré. La formule choisie sur le commerce mondiale signifie: "Nous ne sommes pas d'accord avec les Etats-Unis", a-t-il commenté.
L'Allemagne minimise l'impact du G20
L'Allemagne, qui préside le G20 cette année et qui a beaucoup oeuvré pour éviter un esclandre ou une fracture ouverte visible de tous, a aussi tenu à minimiser la portée de ces inflexions à la doctrine du G20.
"Les Américains n'ont pas été isolés. C'est le rôle de la présidence (du G20) de réunir, pas d'isoler", a déclaré, lors de la conférence de presse finale, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schauble.