Comparer les prix
Acheter son billet à l'avance ou profiter d'une offre "last minute", voyager hors saison et être flexible sur les dates, le temps de vol et le nombre d'escales, telles sont des astuces bien connues des voyageurs pour payer leur billet d'avion moins cher.
Mais les prix des billets varient constamment et dénicher le meilleur tarif n'est pas une tâche aisée. Choisir le bon comparateur n'est pas plus facile, la différence de prix pouvant aller du simple au quadruple, révèle mardi une enquête de l'émission de la RTS On en parle et du magazine Bon à savoir.
Au final, votre voisin de siège peut avoir payé son billet 25 francs et vous 75 francs, voire 125 francs. Et ce en fonction de nombreux facteurs qu'il est difficile d'appréhender au moment de valider l'achat de son vol vers le soleil. La solution? Comparer, comparer et encore comparer.
Comparer les comparateurs
Expedia, Kayak, Ebookers ou eDreams, rien qu'en Europe, plusieurs centaines de comparateurs de prix ou agences de voyage en ligne proposent leurs services pour aider les voyageurs à trouver le billet d'avion le moins cher possible. Mais on se perd vite dans cette immense jungle de comparatifs et de slogans accrocheurs.
Car si comparer les prix est une bonne idée, encore faut-il choisir le bon comparateur. Pour déterminer les plateformes qui proposent les meilleures offres, On en parle et Bon à savoir ont compulsé les prix proposés par 19 d'entre elles sur trois types de voyages courants à trois ou quatre reprises entre le 5 et le 17 mai: un aller simple Genève-Barcelone en mai, un aller-retour Genève-New York en septembre et un aller-retour Genève-Bangkok à fin décembre.
Pour Barcelone, l'écart de prix va de 34,80 francs chez Easyvols à 119,15 chez GoVoyages. Pour Bangkok, c'est tout aussi spectaculaire: 742,35 francs chez Expedia à 2710 francs chez voyages-sncf.com. Des différences qui avoisinent les 250%! Concernant New York, l'écart est moins flagrant, mais tout de même significatif avec 448,20 francs chez Easyvols contre 577,85 chez Connections.
Il apparaît au final que le meilleur prix peut grandement varier entre les sites de réservation et en fonction du moment choisi pour effectuer sa réservation. Il semble difficile de donner le comparateur le plus avantageux, aucun n'arrivant systématiquement en tête. Cinq d'entre eux reviennent toutefois souvent en haut du classement: Expedia, Skyscanner, Liligo, TripAdvisor et Easyvols. D'autres sont moins bien notés: eDreams, Opodo, PartirPasCher, Myholidays et Connections. Certains prestataires avancent toutefois le fait qu'ils officient également comme agences de voyage, ce qui renchérit leurs prix.
Comparer avec les sites des compagnies
Une fois le comparatif effectué sur l'une des plateformes susmentionnées, il s'agit encore de se rendre sur le site de la compagnie proposée, car il arrive que le prix présenté y soit inférieur, même si c'est loin d'être toujours le cas.
Les enquêteurs de On en parle ont tenté l'expérience. A part Easyjet, les autres compagnies ne se sont jamais avérées moins chères pour leurs propres vols. Et les compagnies restent peu bavardes sur le sujet, Swiss avançant simplement le fait que la comparaison est impossible tant le marché est complexe.
Et cette opacité du marché des billets s'accompagne d'une véritable spéculation sur les prix. Interrogée par l'émission de la RTS, Agnès Meyer Frund, responsable du domaine "transports publics" auprès du surveillant des prix, lance une explication: "Certaines plateformes achètent des billets au moment où ils sont le moins coûteux et elles les revendent une fois que les prix sont remontés." Elles parviennent ainsi à offrir des tarifs plus bas que ceux des compagnies. Mais attention, celles-ci ripostent de plus en plus avec des offres promotionnelles qui peuvent s'avérer très avantageuses.
Traquer les frais cachés
La multiplicité des offres en ligne et la course au meilleur prix poussent certains prestataires à faire baisser les tarifs au maximum, parfois artificiellement en mettant en avant des montants faussés par certains frais cachés. Il convient ainsi d'être attentif à plusieurs paramètres au moment de valider sa facture.
Premièrement, certaines compagnies imposaient jusqu'à il y a peu des frais de réservation, mais la loi impose désormais que le tarif du billet indiqué dès le début soit le prix réel qu'il faudra payer. Les taxes de kérosène ou de sécurité doivent également faire partie du prix indiqué et non plus être ajoutées par la suite.
Il est en outre essentiel d'aller jusqu'au bout de sa réservation, car c'est là que peuvent encore se cacher certaines augmentations. Au moment de finaliser sa commande, on peut par exemple apprendre que le tarif bon marché qui était promis n'est valable qu'avec une carte de crédit peu courante en Suisse, comme une American Express. En revanche, si l'on veut payer avec une Visa ou une Mastercard, le tarif prend l'ascenseur.
Enfin, le fait de faire payer ou non les bagages déposés en soute, le choix du siège et différentes prestations de confort comme les repas ou l'embarquement rapide sont encore autant de paramètres qui peuvent lourdement augmenter la facture.
Choisir le bon moment pour acheter
Une autre dimension complètement opaque et incontrôlable peut lourdement grever le budget: la date à laquelle il est le plus avantageux de réserver. Les prix changent en effet de minute en minute en fonction de l'offre et de la demande. Le jour et l'heure de l'achat sont ainsi importants, même s'il est difficile de prévoir les moments les plus propices.
Les enquêteurs d'On en parle et Bon à savoir ont testé pendant deux semaines: pour le vol Genève-Barcelone, le prix à 14 jours du départ atteignait 54 francs, contre 82 la veille du départ.
Ne pas se laisser influencer par les techniques de vente
Un dernier conseil des professionnels pour éviter d'acheter trop rapidement et sans comparer: il ne faut en aucun cas se laisser intimider par les "pop-up" qui apparaissent comme par hasard à l'écran pour précipiter la vente. Les "Attention plus que 10 minutes pour obtenir ce tarif" ou "63 personnes s'intéressent actuellement au même vol que vous" ne sont que des apparats marketing.
Et il ne faut pas oublier que ces comparateurs ne vivent que de la fréquentation de leurs sites. Ils vendent des espaces publicitaires sur lesquels de nombreux internautes cliquent, volontairement ou par mégarde.
Enquête: Yves-Alain Cornu avec l'équipe de On en parle et de Bon à savoir
Adaptation web: Frédéric Boillat