Publié

Bombardier, "une bande d'artisans qui a décidé de construire des trains?"

Bombardier: Des wagons de chômeurs
Bombardier: Des wagons de chômeurs / Mise au point / 13 min. / le 18 juin 2017
"C'est à se demander si on travaille pour des artisans qui ont décidé de construire des trains!" Ce commentaire amer d'un employé de Bombardier à Villeneuve est partagé par d'autres, qui dénoncent la "désorganisation" de l'entreprise.

Quatre ans de retard. Les premiers trains du "contrat du siècle" de Bombardier - qui a annoncé début juin la suppression de 650 emplois en Suisse - auraient dû être livrés en 2013. Au final, ce ne sera pas avant la fin de cette année. Des retards qui se sont accumulés, notamment à cause d'espaces mal conçus à l'origine.

>> Lire aussi : Bombardier n'a pas tenu toutes ses promesses envers l'économie suisse

Pour certains employés rencontrés pour l'émission Mise au point de dimanche, un problème d'approvisionnement des pièces serait également à l'origine du retard. "Les fournisseurs ne sont pas payés, donc ils n'envoient pas les pièces et nous, on ne peut pas travailler", raconte un collaborateur du site de Villeneuve (VD). "Et comme on ne peut pas travailler, on ne peut pas livrer les trains..."

La plupart du temps, tout ce qu'on monte est démonté plus loinPierre, mécanicien chez Bombardier

Une explication partagée par Pierre, mécanicien depuis 14 ans sur ces chaînes de production. Selon lui, à chaque nouvelle étape de fabrication, 10% à 15% des pièces manquent et la majorité des opérations ne peuvent être menées à terme.

"La plupart du temps, tout ce qu'on monte est démonté plus loin, parce qu'il y a des éléments qui sont modifiés", ajoute-t-il dépité, soulignant la "désorganisation" de Bombardier.

"Bien gérer les fournisseurs"

Pour le directeur général de Bombardier Suisse, de telles difficultés sont cependant inévitables dans une production de cette ampleur. "Avec un projet si complexe, il est clair qu'il y a parfois des problèmes avec les fournisseurs", estime Stéphane Wettstein. "C'est pour cela qu'il faut travailler en partenariat avec ses fournisseurs, bien les gérer, pour avoir le matériel à temps."

Un constat que ne fait pas Pierre, qui a travaillé sur d'autres commandes chez Bombardier, dont il a été particulièrement fier. "Je souhaite quand même que l'entreprise sorte la tête de l'eau et qu'on arrive à livrer de la qualité, même si je reste extrêmement pessimiste", avoue le mécanicien.

Reportage TV de Micaela Mumenthaler

Adaptation web de Tamara Muncanovic

Publié

Promesses tenues selon Bombardier

Lorsque Bombardier a décroché le "contrat du siècle" des CFF en 2010, la société s'est engagée à solliciter majoritairement des sous-traitants suisses. A-t-elle tenu sa promesse? "On entend beaucoup que des pièces viennent d'autres pays ou d'autres parties de la Suisse, puis sont assemblées à Villeneuve", répond Antonio Rubino, secrétaire général du Groupement suisse de l'industrie mécanique (GIM). "Bombardier n'est pas connu par nos membres pour redistribuer beaucoup de travail dans la région."

Le fabricant canadien a cependant collaboré avec les sociétés locales pour l'agrandissement du site, puis pour des activités de maintenance. Mais pas pour de la production, explique Nicolas Riesen, président de la Société industrielle et commerciale de Villeneuve. Selon le directeur général de Bombardier Suisse, la promesse a tout de même été tenue. "Avec le transfert du montage final des voitures-pilotes à Villeneuve et avec nos fournisseurs en Suisse, je suis confiant, plus de 50% a été redistribué dans le pays", estime Stéphane Wettstein.