Ce rapprochement décisif entre Bombardier et Airbus sur le marché de l'aéronautique civile, annoncé dans la nuit de lundi à mardi, intervient au moment où le groupe canadien est soumis à une forte pression des Etats-Unis.
Le Département américain du commerce a en effet décidé d'imposer des droits de 220% sur les avions C-Series importés sur leur sol, ainsi qu'une taxe antidumping de 80%, à la suite d'une plainte de Boeing. Ce dernier accuse Bombardier de fabriquer ces avions grâce à des subventions publiques et de les avoir vendus à perte à Delta Air Lines.
"Un accord gagnant-gagnant"
Ce partenariat intervient deux ans après une première tentative de rapprochement qui s'était soldée par un échec après la divulgation de l'affaire par la presse. Grâce à cette opération, Airbus se renforce sur un segment dont il était absent, sa gamme moyen-courrier de la famille A320 allant de 140 à plus de 200 sièges dans sa version remotorisée.
"Ceci est un accord gagnant-gagnant pour tout le monde!", a déclaré le président exécutif d'Airbus Tom Enders. "Je n'ai pas de doute que notre partenariat avec Bombardier va gonfler les ventes et la valeur de ce programme énormément." "Airbus est le partenaire parfait pour nous", a de son côté déclaré Alain Bellemare, le PDG de Bombardier.
Première réaction de Boeing
Interrogé par l'AFP, un responsable de Boeing a indiqué que ce rapprochement ressemble à "un accord discutable entre deux compétiteurs dépendant grandement des subventions de l'Etat pour contourner" les récentes décisions américaines d'imposer des droits compensatoires et antidumping à la Cseries.
afp/dk
>> Sujet traité dans le Journal de 08h00 sur La Première
Débuts difficiles pour le C-Series
L'accord Airbus-Bombardier va renforcer le programme du groupe canadien sur le plan commercial alors que le CSeries, le premier monocouloir de conception entièrement nouvelle depuis plus de 25 ans, tarde à rencontrer le succès commercial.
Lancé en 2004 et mis en production dès 2008, le CSeries a été livré à son premier client, la compagnie Swiss, à l'été 2016 avec plus de deux ans de retard sur le calendrier initial et des coûts de développement presque doublés, à 5,4 milliards de dollars.
Le CS100 à 110 places et le CS300 de 135 places ont été commandés à 360 exemplaires, et son seuil de rentabilité est passé de 300 à 800 appareils vendus.
Malgré les déboires du programme qui ont lourdement pesé sur ses comptes, Bombardier a toujours assuré que l'appareil est à même de capter une bonne part des 4000 à 5000 avions de 100 à 150 places qui seront livrés dans le monde d'ici 2034.
Les termes de l'accord
Selon les termes de l'accord, Airbus détiendra approximativement 50,01% de l'entité qui gère le programme C-Series, et Bombardier et Investissement Québec respectivement 31% et 19%. Le siège du programme et la ligne d'assemblage primaire resteront basés à Québec.
Une seconde ligne d'assemblage sera établie à Mobile, en Alabama (sud des Etats-Unis), où Airbus a installé une ligne d'assemblage finale pour sa famille A320.