Entre hausse de la demande mondiale et différends sur les prix entre distributeurs et industriels, les mottes de beurres se font de plus en plus rares dans les supermarchés français. Stéphane Travert a assuré sur Sud Radio que "cette pénurie (n'allait) pas durer". Mais le ministre de l'Agriculture s'est refusé à donner une date pour un retour à la normale.
Cette pénurie, qui est toutefois limitée à des ruptures de stock ponctuelles, est un coup dur pour les Français, champions de la consommation de beurre avec 8,2 kg par an et par habitant, suivis sur le podium mondial des Danois (6,4 kg) et des Allemands (6,1 kg), selon la Fédération internationale du lait.
Dans certaines entreprises, la matière première vient réellement à manquer. Ainsi, les 10 salariés de la PME française Pâte Feuilletée François, qui fabrique des pâtes à tarte fraîches en gros, sont au chômage technique à 70% depuis près de trois semaines.
afp/cab
Les raisons de la pénurie
A l'origine de cette pénurie, une hausse de la demande dans les pays développés comme dans les pays en développement, après 30 ans de dédain des nutritionnistes pour le beurre, mais aussi l'appétit général pour les croissants et autres gourmandises au beurre, notamment en Chine.
"Avec la réhabilitation des matières grasses animales, la demande pour le beurre a explosé un peu partout dans le monde", commente Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques à l'Association de transformation laitière française (Atla).
Or, parallèlement à cette explosion de la demande, la Nouvelle-Zélande, plus gros exportateur mondial de lait, enregistre une baisse de sa production, tout comme l'Europe, où la fin des quotas laitiers il y a deux ans avait provoqué surproduction et chute des cours, poussant les éleveurs à réduire leurs tonnages.
Les prix grimpent, mais pas pour les producteurs laitiers
En conséquence, les prix ont explosé: payé 2500 euros la tonne en avril 2016, les cours du beurre ont atteint 7000 euros la tonne l'été dernier.
Les producteurs laitiers français, eux, ne bénéficient que très peu de cette envolée des tarifs du beurre, qui ne contribue pas à une hausse significative des prix du lait.
Pire, en augmentant le volume de lait produit pour fabriquer plus de beurre avec la matière grasse, il risque de leur rester sur les bras une grande quantité de poudre de lait, déjà en surproduction dans l'Union européenne.