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Les guides gastronomiques défendent leur expertise face à Trip Advisor

Consulter l'avis des internautes pour choisir un restaurant devient banal
Consulter l'avis des internautes pour choisir un restaurant devient banal / 19h30 / 2 min. / le 9 novembre 2017
Les sites de notation, Trip Advisor en tête, sont devenus presque incontournables lorsque l'on cherche un restaurant. Face à cette concurrence croissante, les guides traditionnels se targuent d'une expertise indépendante.

Les sites spécialisés dans la notation de restaurants cartonnent. En tête, le géant Trip Advisor et ses différents sites partenaires dont La Fourchette, qu'il a racheté en 2014.

Les chiffres de la fréquentation suisse ne sont pas connus mais, au niveau mondial, 390 millions de personnes visitent chaque mois l'un des sites de Trip Advisor. Entre 2015 et 2016, le nombre d'avis d'internautes a augmenté de 45%, pour atteindre 465 millions, sur plus de 4 millions de restaurants au total. Le site suisse iTaste affiche pour sa part 150'000 visiteurs mensuels.

Face à cette déferlante, les guides gastronomiques Gault & Millau et Michelin, qui viennent de publier leurs recommandations pour 2018, sont édités respectivement à 10'000 et 12'000 exemplaires en Suisse. Depuis peu, Gault & Millau met son classement à disposition gratuitement sur internet.

La note Trip Advisor, c'est un peu la note du peuple.

Bastian de Raadt, propriétaire du restaurant vaudois Au Vieux Navire

Les sites mettant en avant les avis d'internautes font-ils vraiment de l'ombre aux guides traditionnels? Ce n'est pas ce que pense Bastian de Raadt, propriétaire du restaurant vaudois Au Vieux Navire.

Pour le patron de cet établissement distingué par le Michelin et le Gault & Millau, les guides gastronomiques tiennent leur réputation de leur expertise, et du fait qu'"ils amènent une critique globale avec une note pondérée sur un ensemble d'éléments".

Pour Bastian de Raadt, la note de Trip Advisor est en quelque sorte "la note du peuple": "Chaque internaute se prend pour un testeur (...)", "tout le monde est dans Trip Advisor, alors que tout le monde ne rentre pas dans le Gault & Millau", relève-t-il. De fait en Suisse romande, environ 350 restaurants figurent dans le Gault & Millau et une trentaine de restaurants sont étoilés par le Michelin.

Un site gratuit aura, suivant les cas, des influences de la part de ceux qui le financent.

Knut Schwander, responsable Gault & Millau en Suisse romande

Le responsable de Gault & Millau en Suisse romande, Knut Schwander, déplore qu'il n'y ait sur ces sites "pas d'unité de ton, et donc pas de vrai message", à l'inverse des guides qui "donnent un avis, certes subjectif, mais que (...) les lecteurs peuvent comprendre".

Il souligne par ailleurs l'indépendance des notations des guides traditionnels: sur un site comme Trip Advisor, pointe-t-il, on ignore d'où vient l'information et quelles sont les intentions de ceux qui commentent. A l'inverse, "un guide est l'ami de ses lecteurs, il donne des informations à des lecteurs qui paient pour. Un site gratuit aura, suivant les cas, des influences de la part de ceux qui le financent", estime le responsable.

On ne peut pas être que bon cuisinier. Il faut (...) aussi savoir accueillir les gens et communiquer sur les réseaux sociaux.

Olivier Di Natale, propriétaire de iTaste

Toutefois, les restaurateurs reconnaissent qu'il leur est aujourd'hui impossible de ne pas se soucier de leur présence sur internet et de leur "e-réputation".

"On ne peut pas être que bon cuisinier. Il faut savoir être bon cuisinier, il faut savoir accueillir les gens et il faut aussi savoir communiquer sur les réseaux sociaux, sur le digital, etc. Cela fait partie du métier et les restaurateurs doivent l'intégrer", martèle Olivier Di Natale, directeur de l'agence de marketing GeneralMedia et propriétaire de iTaste. "On n’a pas choisi mais on ne peut pas faire sans", renchérit Bastian de Raadt.

Olivier Di Natale ajoute que, bien maîtrisé, le web peut aussi permettre aux restaurants de gagner de nouveaux clients. Reste que les établissements semblent pris en otage, eux qui doivent débourser au minimum 1000 francs par année pour une meilleure visibilité sur Trip Advisor.

Katia Hess/ptur

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