Comment sortir de l'impasse après l'échec de la réforme des retraites dans les urnes le 24 septembre? Une idée fait son chemin, celle de sortir du marché du travail non pas à un âge fixe, mais après une période de travail donnée.
Cette proposition permettrait de sortir de la logique de l’âge, qui focalise toutes les tensions: à chaque fois qu’un âge est suggéré (65, 67 ans), cela crispe la population et divise le monde politique: c'est "trop" ou "trop peu", "injuste pour les femmes", etc.
Casser la logique de l'âge
Casser cette logique permettrait de réfléchir autrement. "Cela tiendrait compte, d’une part, de la pénibilité du travail, d'autre part du fait qu'on entre de plus en plus tard dans la vie active aujourd'hui", assure Christophe Reymond, directeur du Centre patronal vaudois, qui souligne la "modernité" de l'argument.
L'idée plaît également aux syndicats, parce que les personnes qui ont commencé à travailler tôt sont souvent celles qui ont les métiers les plus pénibles.
Ne pas pénaliser les carrières tardives
"Ce serait intéressant pour les personnes qui ont commencé leur carrière tôt, après un apprentissage", estime Doris Bianchi, secrétaire dirigeante de l'Union syndicale suisse (USS). "Toutefois, on pénalise tous ceux qui ont commencé à travailler tard, parce qu'ils sont venus de l'étranger, ou qu'ils ont fait de longues formations. Ce n'est pas juste de repousser l'âge de la retraite de ces personnes-là au-delà de 65 ans."
Pour Giuliano Bonoli, professeur de politique sociale à l'IDHEAP, abandonner la question de l'âge permettrait de dépolitiser le débat et d'être plus flexible. "On n'est pas obligé d'avoir un âge de la retraite standard", affirme-t-il, en citant l'exemple de la Suède qui connaît un âge minimal de 61 ans, avec un système souple, et de l’Allemagne, où chacun peut partir à la retraite après 45 années travaillées.
Flexibilité accrue
"Cette solution pourrait être intéressante pour un pays comme la Suisse, où on aspire à davantage de flexibilité pour le départ à la retraite. Une solution de ce type permettrait non seulement de dépolitiser la question, mais aussi d'aller à la rencontre des aspirations des assurés, qui ne sont pas uniformes."
Aujourd'hui, l'AVS permet déjà d'anticiper la retraite, mais cette possibilité n'est presque pas utilisée en Suisse: plus de 90% des départs se font à l'âge "standard": 64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes.
Alexandra Richard/kkub