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Les cigarettiers américains contraints à faire de la publicité anti-tabac

Un jugement américain a conclu que les cigarettiers se sont entendus pour tromper le public sur les risques du tabagisme pour la santé. [Keystone - Gaëtan Bally]
Les cigarettiers américains contraints à diffuser des spots anti-tabac / Forum / 3 min. / le 29 novembre 2017
Plusieurs cigarettiers américains ont commencé dimanche à diffuser des publicités mettant en garde contre les dangers du tabac. Ils se conforment à une décision de justice qui remonte à 11 ans.

"Fumer tue en moyenne 1200 Américains par jour et le tabagisme fait plus de morts annuellement que les meurtres, le sida, les suicides, la drogue, les accidents de la route et l'alcool réunis", peut-on notamment lire dans les spots que de grandes compagnies Philip Morris USA, Altria, R.J Reynolds Tobacco et Lorillard ont été contraintes à acheter dans la presse et sur les grands réseaux télévisés américains depuis le 26 novembre.

Cette "punition" répond à une plainte déposée en 1999 contre les cigarettiers. En 2006, une cour fédérale avait conclu que les cigarettiers "font du profit en vendant un produit hautement addictif", et qu'ils se sont entendus pour délibérément tromper le public sur les risques du tabagisme pour la santé. Elle avait alors ordonné que les groupes diffusent des spots "corrigeant leurs mensonges", et ce sur une période de douze mois.

Mais pourquoi la diffusion de ces "corrections" à leurs déclarations intervient-elle plus de dix ans après le jugement? Parce que les cigarettiers ont fait plusieurs fois appel, cherchant à modifier de nombreux détails dans la formulation du texte qu'ils allaient devoir diffuser. 

"Communiquer ouvertement"

"Nous restons engagés à aligner nos pratiques commerciales avec les attentes de la société envers une entreprise responsable. Ceci inclut de communiquer ouvertement sur les effets sur la santé de nos produits, de continuer à soutenir les efforts de sevrage, d'aider à réduire l'usage du tabac chez les mineurs et de développer des produits à risque réduit", a réagi le groupe Altria, qui détient Philip Morris, après la diffusion des premiers spots.

Pourtant, ces spots très sobres, en noir et blanc et récités par une voix robotique, ne convainquent pas les professionnels de la santé. "C'est un peu conçu pour ne pas faire passer le message, car aucune image n'y est associée", a par exemple expliqué à NPR Kenneth Warner, professeur émérite en santé publique à l'Université du Michigan.

Cette campagne forcée coûte environs 30 millions de dollars à l'industrie du tabac, qui dépense chaque année envrion huit milliards pour ses activités marketing uniquement.

jvia

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