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"Le bitcoin va rester un instrument d'investissement à but spéculatif"

L'interview: Andréa Maechler, membre du directoire de la BNS
L'interview: Andréa Maechler, membre du directoire de la BNS / 19h30 / 7 min. / le 17 décembre 2017
Alors que le cours du bitcoin continue de s'envoler, la numéro trois de la Banque nationale suisse (BNS) Andréa Maechler estime que la cryptomonnaie "va rester un instrument d'investissement à but spéculatif".

Elle ne voit pas le bitcoin "prendre la forme d'une vraie monnaie". Invitée du 19h30 de la RTS dimanche, Andréa Maechler a fait part de son scepticisme vis-à-vis de la cryptomonnaie, dont le cours a bondi de près de 1800% cette année jusqu'à dépasser les 19'000 francs. "Il n'y a aucune obligation d'accepter le bitcoin dans une transaction", a relevé la Genevoise de 48 ans. Pour le moment, elle n'envisage pas non plus "des salaires payés en bitcoins" ou des caisses de pensions "commençant à investir dans le bitcoin".

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Le risque de volatilité du bitcoin est régulièrement mis en avant, tout comme le flou qui entoure ce que cette monnaie virtuelle reflète véritablement. "Actuellement, la confiance dans le bitcoin est haute, observe Andréa Maechler. Mais, à long terme, la confiance ne peut être basée sur rien."

Aux yeux de l'économiste, la solidité du bitcoin est incomparable avec celle des monnaies traditionnelles, émises par les banques centrales, à l'image du franc suisse. "Il y a derrière une économie solide, il y a la politique monétaire de la BNS, la politique fiscale, le cadre légal", insiste-t-elle. C'est cet environnement-là qui fait, selon elle, la solidité du franc.

Une prise de parole qui fait écho à celle du président du conseil d'administration d'UBS. Dans la NZZ am Sonntag, Axel Weber a lui aussi mis en garde contre le bitcoin, le considérant "comme sans valeur et pas durable".

Le franc s'affaiblit

Première femme à intégrer la direction générale de la BNS voici deux ans et demi, Andréa Maechler s'est par ailleurs réjouie de l'amélioration de situation conjoncturelle ainsi que de l'affaiblissement du franc. Aujourd'hui, un euro vaut un peu plus de 1,16 franc. En janvier 2015, suite à l'abandon du taux plancher, le taux de change était brusquement passé sous la barre d'un franc pour un euro, créant la panique auprès des exportateurs.

Pourra-t-on bientôt atteindre les niveaux antérieurs à la crise financière? Entre 2002 et 2008, le cours du franc avait fluctué entre 1,68 franc et 1,45 franc pour un euro. Convenant que le taux de change "joue un rôle principal pour une petite économie comme la Suisse", Andréa Maechler juge toutefois important "de ne pas avoir un chiffre magique en tête". "Ce qui est important pour la Suisse, c'est d'avoir des conditions monétaires qui permettent un développement durable et prospère."

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