Les réglementations introduites après la crise pèsent encore sur la rentabilité de nombreux instituts. Mais la capacité de résilience dont ils ont fait preuve a dopé leur confiance, souligne le cabinet d'audit et de conseil dans son baromètre des banques publié jeudi.
Les instituts ont réduit leurs portefeuilles de négoce, renforcé leurs fonds propres. Ils ont aussi serré la vis en termes de liquidités et de négoce des dérivés. Les banques privées sont 88% à se dire optimistes, grâce à l'explosion du nombre de millionnaires.
L'attitude de la branche vis-à-vis des régulateurs a changé. Les banques estiment que la vague a atteint son pic et que la situation va se normaliser, analyse Patrick Schwaller, partenaire chez EY.
Parmi les 100 banques sondées, dont les entités helvétiques d'UBS et de Credit Suisse, 87% jugent le marché financier plus stable aujourd'hui qu'avant 2007. Un bon tiers (37%) croit même à la fin de "l'inflation" réglementaire, contre 11% précédemment.
Changement technologique en cours
Avec l'amélioration escomptée des conditions-cadres, 43% des répondants entendent se concentrer sur l'innovation et la croissance, contre 27% auparavant. Les partenariats avec des acteurs non bancaires, tels que les fintech, gagnent aussi en priorité.
Les sondés sont désormais 53% (26% l'an passé) à croire que les développements technologiques vont fondamentalement modifier le secteur, ce qui constitue un véritable revirement d'opinion, selon EY. Les trois quarts des sondés reconnaissent que le secteur en Suisse vit une mutation structurelle, et autant envisagent de recourir à des robots ou assistants virtuels.
Sur le plan de l'emploi, le tableau reste stable. Fin 2017, 30% des répondants anticipent une augmentation (+5% et plus) des effectifs. A court terme donc, la numérisation en cours ne se traduira pas par une forte diminution du personnel.
Si les banques reconnaissent les bienfaits des développements réglementaires, elles voient de l'excès de zèle dans certains domaines. En matière de protection des investisseurs ou de fonds propres surtout, elles jugent que les régulateurs suisses exagèrent.
Crédits aux PME
Les taux négatifs, eux, érodent les marges dans le secteur d'activité bancaire classique. Pour 86% des sondés - proportion stable - la politique des taux de la BNS s'avère problématique. Seuls 3% ne voient pas de conséquences graves pour leurs affaires.
Malgré tout, les opérations de crédit demeurent intéressantes et devraient même gagner en attractivité, s'étonne EY. Seul un quart des sondés a l'intention de resserrer sa politique de crédit en 2018, contre encore 60% voici quatre ans.
Pour les auteurs du baromètre, les banques ont retrouvé confiance en ce qui concerne le financement à crédit des petites et moyennes entreprises (PME). "Les PME suisses ont bien encaissé le choc du franc fort et sont en bonne santé", constate Patrick Schwaller.
ats/jgal
Moins de banques depuis l'an 2000
Depuis l'année 2000, 30% des instituts bancaires établis en Suisse ont disparu, leur nombre passant à 261 à fin 2016. Dans le même intervalle, les résultats opérationnels cumulés ont chuté de 10%, selon les statistiques de la Banque nationale suisse (BNS). Les charges d'exploitation ont par contre grimpé de 23%.
Malgré l'optimisme affiché, le processus de consolidation devrait se poursuivre. Près de 9 sondés sur 10 prévoient que le nombre d'établissements va encore nettement se réduire en Suisse.