En 2015, quelque six millions de paquets en provenance d'Asie - principalement de Chine - avaient été acheminés en Suisse. Ce chiffre a donc plus que doublé en deux ans, selon les données fournies par La Poste à SRF.
Les raisons d'un tel succès? Des prix très intéressants et pas ou peu de frais de livraison. Jusqu'à la fin de l'année dernière, la Chine était considérée comme un pays en voie de développement par l'Union postale universelle (UPU). L'organisation internationale détermine la somme qu'un Etat perçoit d'un autre pour la livraison de courrier et colis. En tant que pays émergent, la Chine contribue moins que des Etats développés.
Conséquence: il coûte moins cher d'envoyer un paquet en Suisse depuis la Chine que depuis le sol helvétique. Et le traitement de ces colis provenant de Chine est loin d'être rentable pour La Poste, confiait le géant jaune à la presse alémanique en 2016.
Aliexpress a doublé ses ventes en Suisse en 2017
Parmi les sites chinois qui ont conquis les clients suisses figure Aliexpress, qui appartient au groupe Alibaba. Le site fonctionne comme un marché qui propose des accessoires électroniques, des vêtements ou des bijoux. Le tout à un prix chinois.
En 2017, Aliexpress a doublé ses ventes en Suisse, celles-ci atteignant 280 millions de francs, selon une estimation de la société de conseil en e-commerce Carpathia. Un succès qui ne réjouit pas tout le monde.
L'Association suisse de vente à distance (ASVAD) dénonce des "conditions nettement meilleures" accordées aux entreprises chinoises. Pour Patrick Kessler, à la tête de l'ASVAD, le boom des paquets chinois représente une menace pour le commerce suisse.
Des fausses déclarations qui font perdre de l'argent à l'Etat
Autre inquiétude pour la Suisse, de nombreux colis provenant de Chine sont mal déclarés à la douane, explique Stefan Luginbühl, responsable de l'unité colis au sein de La Poste. Certains expéditeurs indiquent pour leurs paquets une valeur plus basse que la valeur réelle.
Dans les cas où les services postaux contrôlent le colis et découvrent la fausse déclaration, c'est au destinataire de payer les frais supplémentaires.
Chaque année, quelque 20 millions de francs de taxes échappent à l'Etat à la suite de tels procédés. Une situation qui doit changer, selon la conseillère nationale Tiana Angelina Moser (Verts'Lib/ZH). L'élue a récemment déposé un postulat demandant que le Conseil fédéral prenne des mesures pour lutter contre les fausses déclarations d'envoi faites par des entreprises de vente par correspondance.
>> Reportage dans le 19h30 vendredi sur RTSUn
Adaptation web de SRF: Tamara Muncanovic