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Un même médicament et deux noms différents, le co-marketing des labos

En Suisse, on compte 432 médicaments co-marketing. [Fotolia - Innovated Captures]
Médicaments co-marketing: les patients ne sont pas gagnants / On en parle / 9 min. / le 22 janvier 2018
En pharmacie, il est possible de trouver deux exemplaires d'un médicament absolument identique, mais vendus dans un emballage différent et sous un autre nom, une pratique connue sous le nom de co-marketing.

L'un s'appelle Rebalance 500, l'autre Remotiv 500. Dans un emballage différent, avec un nom qui varie, et pourtant la composition des deux comprimés est exactement identique, leur notice aussi, décrypte lundi l'émission On en parle.

Il ne s'agit pas de médicaments génériques - un terme réservé à des médicaments fabriqués à partir de la substance active d'un médicament original dont le brevet est arrivé à échéance -, mais de médicaments dits en co-marketing.

Swissmedic, l'organe officiel d'autorisations des médicaments, explique que "un médicament en co-marketing est un médicament autorisé qui ne se différencie pas d'un autre médicament autorisé (préparation de base), à l'exception de la désignation et de l'emballage." Il s'agit donc d'une copie conforme d'une préparation de base, soumise à une procédure d'autorisation simplifiée.

Quelle différence pour le patient?

Des produits à la composition identique, mais avec un prix variable selon les pharmacies. Dans l'exemple du Rebalance et du Remotiv, tous deux en vente libre, le premier est inscrit sur la liste des spécialités et est donc remboursable par l'assurance de base sur prescription médiale. Son prix est fixé par l'Office fédéral de la santé publique (51,55 francs pour 60 comprimés), alors que le Remotiv est vendu près de 60 francs pour le même nombre de comprimés.

Plus de 430 médicaments disposent actuellement d'une autorisation pour être vendus en co-marketing (consulter la liste ici), ce qui n'est pas sans risque, indique le docteur François Héritier, président de la Société suisse de médecine générale et vice-président de Médecins de famille suisse, "c'est un business model qui ne fait qu'apporter de la confusion", à la fois pour les médecins comme prescripteurs, et pour les patients comme consommateurs.

"Ca n'apporte aucune plus-value en terme de santé, au contraire, ça peut même être dangereux", souligne le praticien, qui cite le millepertuis qui est contenu dans les deux préparations en exemple et qui peut avoir des effets sur l'efficacité d'autres médicaments comme la pilule contraceptive ou des anticoagulants.

Quel intérêt pour les firmes pharmaceutiques?

Plusieurs pharmaciens ont confirmé à l'émission On en parle que les médicaments co-marketing hors liste leur permettent une marge plus importante, puisque le prix n'est pas fixé par les autorités. Pour les laboratoires pharmaceutiques, les médicament co-marketing permettent de commercialiser le même médicament à des prix différents via plusieurs canaux.

Zeller, numéro 1 en Suisse du marché de la phytothérapie et producteur des deux médicaments cités en exemple, explique ainsi l'avantage du co-marketing.

Petra Hollenstein, la responsable marketing de Zeller, rappelle un point important à propos de la publicité et des prix des médicaments: "les laboratoires ne peuvent pas faire de promotion à destination du consommateur final pour les médicaments inscrits sur la liste des spécialités. Le prix de vente usine comme le prix de détail (pour le public) sont fixés par l'Office fédéral de la santé publique et ne sauraient être déterminés par le fabricant".

Par contre, les médicaments co-marketing et hors liste ne sont pas soumis aux mêmes règles: leur prix n’est pas réglementé et ils peuvent faire l'objet de publicité.

Johanna Commenge/ebz

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