Le résultat dévoilé mardi lors d'une conférence de presse
s'inscrit dans la fourchette des prévisions des analystes. Il est
plombé par des pertes sur propre crédit de 1,21 milliard de francs,
des charges de restructuration de 582 millions et une correction de
la valeur du goodwill (actifs immatériels) de 492 millions suite à
la cession d'UBS Pactual (activités au Brésil), précise le
communiqué de la banque.
Sorties massives de capitaux
Avant ces coûts extraordinaires, l'UBS affiche un gain avant
impôts de 971 millions de francs. Sur l'entier du premier semestre,
la banque présente donc une perte nette de 3,38 milliards de
francs, contre un déficit de 12,01 milliards au cours des six
premiers mois de l'exercice antérieur.
L'UBS affiche toujours des sorties nettes de capitaux massives.
Rien qu'entre avril et juin, elles se sont élevées à pas moins de
39,4 milliards de francs. La banque relève toutefois une reprise de
l'activité pour sa clientèle dans la gestion de fortune.
Les sorties nettes d'argent frais se sont montées à 16,5 milliards
de francs (dont seulement 200 millions pour les seuls clients
helvétiques) pour la division gestion de fortune et banque en
Suisse. Elles ont atteint 5,8 milliards pour la gestion de fortune
aux Etats-Unis et 17,1 milliards pour la gestion institutionnelle.
Pour mémoire, au premier trimestre, l'UBS avait une sortie nette
d'argent de 14,9 milliards de francs.
Au-delà, la banque fait part d'une plus grande stabilité
financière, notamment au regard de la réduction "sensible" des
positions à risque héritées de la crise du subprime aux Etats-Unis
et des pertes associées.
8700 emplois supprimés
L'UBS s'estime en bonne voie pour réduire ses coûts fixes en
fonction de l'objectif de 3,5 à 4 milliards de francs arrêté pour
2010. L'effectif a déjà diminué de 4400 personnes au 30 juin
dernier pour reculer à 71'806 collaborateurs.
Il doit encore fondre d'autant, ce qui porte le total à 8700, dont
2500 en Suisse. La suppression de quelque 4300 postes
supplémentaires se fonde sur les mesures de restructuration
annoncées à la mi-avril. Globalement, "les économies de coûts
commencent à porter leurs fruits et auront probablement déployé
leurs effets vers la fin de l'année", a indiqué l'UBS.
L'UBS estime néanmoins que malgré la nouvelle perte essuyée au
deuxième trimestre 2009 sa situation s'est nettement améliorée. Il
existe des "signes très encourageants", a relevé son chef des
finances John Cryan, lors d'une conférence téléphonique.
Motus sur l'accord
John Cryan fonde son optimisme sur un résultat net qui, hors
éléments exceptionnels, ressort dans le positif. Le principal souci
de l'établissement réside toujours dans sa banque d'investissement,
celle-ci ayant inscrit une perte de 1,85 milliard entre avril et
juin, contre 3,16 milliards au premier trimestre.
Les activités de gestion de fortune et de banque en Suisse ont
quant à elles dégagé un bénéfice (avant impôts) en baisse à 932
millions de francs, après 1,07 milliard. La gestion de fortune en
Amérique présente pour sa part une perte creusée à 221 millions de
francs, contre - 35 millions.
La gestion d'actifs a de son côté renoué avec les chiffres noirs,
en dégageant un bénéfice de 82 millions de francs, après une perte
de 59 millions. John Cryan n'a en revanche pas commenté l'accord
extrajudiciaire en passe d'être conclu aux Etats-Unis pour régler
le dossier d'incitation à la fraude fiscale en faveur de
clients.
L'ACTION EN RECUL A LA BOURSE
Mardi à la Bourse suisse, le titre UBS a d'abord gagné 2,9% à
16,46 francs avant de descendre jusqu'à 14,95 francs, en recul de
6,6% par rapport à la veille. A la clôture, l'action perdait encore
4,3% à 15,31 francs.
Dans la matinée, l'action UBS avait évolué de manière irrégulière
en prenant d'abord quelque 2%, mais en chutant aussi de plus de 6%.
Reste que depuis vendredi, et l'annonce d'un accord extrajudiciaire
de principe aux Etats-Unis dans le litige fiscal opposant la banque
aux autorités américaines, le titre était plutôt bien
orienté.
agences/cer
Retour aux chiffres noirs: pas pour tout de suite
L'UBS ne voit pas encore le retour à la rentabilité se profiler. Selon Oswald Grübel, patron du numéro un bancaire suisse en termes d'actifs, il faudra encore un peu de temps à l'établissement pour afficher un bénéfice.
"Je ne peux pas vous dire" quand la banque affichera à nouveau des chiffres noirs, mais l'UBS avance à grands pas dans la bonne direction», a relevé mardi à Zurich Oswald Grübel.
L'établissement se trouve actuellement en meilleure position qu'il y a quelques mois, a-t-il ajouté. L'ancien patron du Credit Suisse, appelé à remettre de l'ordre dans la maison UBS en février dernier, a noté qu'il n'aurait pas accepté le poste de directeur général s'il avait été possible de retrouver les chiffres noirs en l'espace d'un trimestre.
L'Allemand s'est néamoins dit "nettement plus optimiste que l'on pourrait le croire". Le retour à la rentabilité dépendra aussi de l'évolution des marchés. La bonne orientation actuelle des marchés d'actions ne devrait guère s'accentuer. Elle pourrait même s'estomper au cours des deux à trois prochains mois, des corrections n'étant pas exclues, a jugé Oswald Grübel.
Le patron de l'UBS a aussi estimé que les sorties nettes de capitaux allaient encore se poursuivre en Amérique. Un retournement rapide de tendance est peu probable. La banque souffre toujours d'une perte de réputation, a-t-il noté, même si l'accord extrajudiciaire annoncé vendredi dans le cadre du litige fiscal opposant l'UBS aux autorités américaines représente un point positif.