Jeff Bezos, patron du géant de la vente en ligne Amazon, Warren Buffet, célèbre milliardaire à la tête du conglomérat Berkshire Hathaway, et Jamie Dimon, patron de JPMorgan Chase, la plus grande banque des Etats-Unis en termes d'actifs sous gestion, veulent en effet proposer des prestations de santé à l'ensemble de leur personnel pour le moment, soit près d'1,1 million d'employés.
L'objectif de cette initiative n'est pas de générer de l'argent, indique le communiqué, mais d'améliorer la satisfaction des employés et de réduire les coûts. Les détails de cette offre ne sont pas connus. Mais il est sûr qu'Amazon va pouvoir tirer son épingle du jeu dans ce nouveau domaine.
Des compétences à valoriser
"Si on regarde les compétences d'Amazon, il y en a beaucoup qui sont construites autour de l’analyse des données, bien sûr, à savoir par quel biais les consommateurs en viennent à cliquer et acheter", explique jeudi Howard Yu, professeur à l'IMD, dans l'émission Tout un monde.
Pour le professeur, ces compétences pourraient être mises à profit dans le domaine de la santé, par exemple pour organiser la journée d'un patient, numériser les prises de rendez-vous et les dossiers médicaux. "D'un point de vue de la numérisation, Amazon a beaucoup d'expérience et pourrait mettre en oeuvre cette technologie facilement", poursuit-il.
Le secteur de la santé réagit
L'arrivée annoncée d'Amazon et de ses partenaires sur le marché de la santé, secteur qui est le plus grand employeur des Etats-Unis, a fait trembler les plus grands groupes du secteur, qui ont dévissé à Wall Street après l'annonce mardi. Les assureurs UnitedHealth, Anthem et Signa ont perdu respectivement 5, 6 et 7%, alors que la chaîne de pharmacie CVS Health a abandonné 6%.
Ces groupes redoutent qu'Amazon grignote leurs marges et leurs bénéfices comme il l'a déjà fait dans le secteur de la distribution; des rentabilités qui pourraient bien être menacées d’autant qu'Amazon a l'intention de s'engager pour réduire les coûts, et ce "sans contrainte à but lucratif", précise le communiqué.
Scepticisme et espoir
A l'annonce de l'arrivée d'Amazon et de ses partenaires dans le domaine de la santé, les réactions oscillent entre scepticisme et espoir d'une baisse des coûts.
"La santé reste chère et l'idée que ces entreprises - qui ont de nombreux talents - puissent trouver de nouveaux projets pour faire baisser les coûts, pourrait susciter la reconnaissance de nombreuses personnes", explique Jeff Goldsmith, analyste spécialiste des politiques de santé et professeur à l'Université de Virginie.
Une sorte d'espoir qu'Amazon pourrait développer un modèle, trouver une solution pour réduire les coûts et s'imposer ensuite sur le marché de la santé. C’est l'une des raisons qui pousse le groupe à se lancer. "Amazon est considéré comme un disrupteur, capable d’efficacité tout en baissant les coûts. Et c'est un élément stratégique qui peut jouer un rôle", rappelle Howard Yu.
Blandine Levite/ebz