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Descente du fisc italien dans des banques suisses

La place financière tessinoise, comme ici à Lugano, est sous pression italienne.
La place financière tessinoise, comme ici à Lugano, est sous pression italienne.
Le fisc italien a mené mardi une opération "coup de poing" contre les banques suisses et contrôlé 76 établissements. Cette opération intervient alors que Rome a lancé une amnistie fiscale sur les biens cachés à l'étranger. Une mesure peu appréciée en Suisse mais qui ne mérite pas des sanctions, selon Hans-Rudolf Merz.

Des agents du fisc et de la police financière ont "contrôlé 76
agences de banques suisses, d'établissements bancaires liés à des
intermédiaires suisses", ont annoncé le fisc et la police
financière dans un communiqué. Ils se sont rendus dans tout le nord
de l'Italie, notamment près de Saint-Marin, petite République
enclavée dans le nord-est, ainsi qu'en Lombardie et au Piémont,
deux régions frontalières de la Suisse.



Les autorités ont aussi effectué une visite impromptue à la
filiale d'UBS à Milan, a reconnu la porte-parole de cet
établissement, qui s'est refusée à donner d'autres détails. Credit
Suisse s'est quant à elle retranchée derrière un "No comment".

Pour lutter contre l'évasion fiscale

Les autorités entendaient vérifier si les établissements
contrôlés respectent "les obligations de communication" des
opérations bancaires effectuées par leurs clients.



Le service de presse du fisc n'était pas en mesure d'indiquer dans
l'immédiat si des irrégularités avaient été détectées.
L'intensification des contrôles, qui a pour objectif de lutter
contre l'évasion fiscale, "s'est ouverte sur un premier échantillon
de sujets particulièrement à risque", note le fisc.

Nouveaux contrôles attendus

Les autorités italiennes prévoient de nouveaux contrôles
prochainement. Les services financiers italiens intensifient les
contrôles alors qu'une amnistie sur les biens cachés à l'étranger
mise en place par le gouvernement de Silvio Berlusconi est entrée
en vigueur mi-septembre.



Cette loi - la troisième du genre depuis 10 ans - permet aux
Italiens de rapatrier des biens placés à l'étranger (en grande
partie en Suisse), moyennant le paiement d'une amende équivalente à
5% de la somme. La mesure, qui a suscité une vive polémique dans la
Péninsule, est valable jusqu'à la mi-décembre.



Le fisc avait annoncé en septembre avoir mis la main sur près de
quatre milliards d'euros cachés à l'étranger depuis début 2009. Le
coureur cycliste Davide Rebellin et le pilote de Formule 1
Vitantonio Liuzzi ont notamment été épinglés. La star du cinéma
pornographique, Rocco Siffredi, est lui aussi dans le
collimateur.



Cette amnistie est censée faire rentrer environ 5 milliards
d'euros dans les caisses de l'Etat italien, le plus endetté
d'Europe.



agences/lan

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Merz calme le jeu

La décision de Rome est loin de plaire à la Suisse et particulièrement au Tessin, qui craint un "assèchement de la place bancaire luganaise", selon les termes du ministre des finances et de l'économie italien Giulio Tremonti.

Le gouvernement tessinois a récemment adressé une lettre au président de la Confédération pour lui témoigner de son inquiétude. "Je comprends la réaction du Tessin", a déclaré le président de la Confédération et ministre des finances Hans-Rudolf Merz dans une interview publiée mardi par le journal économique italien "il Sole 24 Ore".

Mais le président refuse de prendre des sanctions contre l'Italie. Il vaut beaucoup mieux trouver des solutions "qui contentent tout le monde et ne portent préjudice à personne".

Hans-Rudolf Merz espère ainsi pouvoir éviter la confrontation entre la Suisse et l'Italie.

Une position qui ne l'a pas empêché de critiquer indirectement l'amnistie fiscale italienne. Pour la Suisse, une telle mesure n'entre pas en ligne de compte car elle est moralement et juridiquement douteuse, a-t-il expliqué.

Les conséquences de l'amnistie fiscale italienne sur la place financière suisse ne sont pas mesurables, a encore indiqué Hans-Rudolf Merz. Selon des estimations, entre 20 et 50% des clients italiens devraient légaliser leur argent caché au Tessin.