Le tribunal a estimé que les grandes villes avaient le droit, sous conditions, d'interdire la circulation des voitures diesel polluantes. Il avait été saisi par les autorités du Bade-Wurtemberg et de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, deux Länder où l'industrie automobile est très présente. Celles-ci contestaient des interdictions imposées par des juridictions locales aux villes de Stuttgart et Düsseldorf.
Une association de protection de l'environnement était à l'origine de ces interdictions, soulignant que les niveaux de particules enregistrés dans ces villes n'étaient pas conformes aux normes européennes d'émissions d'oxyde d'azote (NOx).
Inflexion du gouvernement
Sans attendre l'arrêt de Leipzig, le gouvernement fédéral a créé la surprise au cours du week-end en laissant filtrer ses projets pour une version a minima des interdictions de circulation. Jusqu'ici, le gouvernement, soutenu par le puissant lobby de l'industrie automobile, s'était opposé à toute forme de limitation pour les voitures diesel. Mais la pression populaire et celle émanant de l'Union européenne (UE) s'est renforcée.
En Allemagne, quelque 70 villes présentaient encore en 2017 des taux de dioxyde d'azote supérieurs au seuil annuel moyen édicté par l'Union européennne, d'après l'Office fédéral de l'environnement. Munich, Stuttgart et Cologne sont les plus touchées.
Responsables des émissions d'oxydes d'azote
Les véhicules diesel les plus anciens sont jugés majoritairement responsables des émissions d'oxydes d'azote en zone urbaine, qui favorisent les maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Face aux menaces d'interdictions, leur part de marché en Allemagne a fondu de 48% en 2015 à 39% environ en 2017. Mais plus de neuf millions de véhicules diesel aux normes plus anciennes Euro 4 et Euro 5 sont encore immatriculés dans le pays.
Le diesel, un futur marché de niche?
Interrogé mardi dans l’émission Forum, le directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile Flavien Neuvy voit dans cette décision un nouveau coup dur pour ces moteurs, alors que les constructeurs ont massivement investi pour les dépolluer. "Je pense que l’on est à un tournant concernant le diesel. Aujourd’hui, la pression est très forte. Du coup, les constructeurs vont se détourner progressivement de cette technologie qui présente tout de même un certain nombre d’avantages, parce que ces moteurs émettent moins de CO2, vu qu’ils consomment moins de pétrole. Et c’est pour cela que l’Europe - qui doit importer quasiment tout son pétrole - avait fait le choix du diesel il y a quelques décennies, c’était pour alléger la facture pétrolière. Donc en fabricant plus de moteurs essence, on va augmenter la consommation de pétrole et les émissions de CO2. Mais tout cela, plus personne ne veut l’entendre, parce qu’il y a eu le Dieselgate, ce qui fait que le discours des constructeurs est devenu inaudible. Je pense que le diesel est condamné à devenir une toute petite niche de marché d’ici quelques années."
agences/ta