La plus grande foire de l'horlogerie du monde ouvre ses portes jeudi avec moitié moins d'exposants. Deux étages entiers sont vides, bloqués par des stores en métal pour cacher des coulisses délaissées.
Il y a 10 ans, le salon comptait quelque 2000 exposants. Ils étaient 1300 en 2017, et ont été réduits à 650 cette année, soit deux fois moins. Le nombre d'exposants suisses se monte lui à 130 contre environ 300 il y a un an.
La durée du Salon, qui se tient jusqu'au 27 mars, a été raccourcie de deux jours par rapport aux éditions précédentes.
Stratégie de concentration
Les dirigeants de Baselworld se voulaient rassurants en exposant mercredi leur stratégie de concentration; opter pour la qualité plutôt que la quantité et se concentrer sur le produit fini, à savoir la montre et le bijou.
"Remplir les halles, ce n'est pas ça la qualité d'un Salon, assurait dans le 19h30 la directrice Sylvie Ritter. À Baselworld, 80% du chiffre d'affaires de l'horlogerie suisse est représentée."
Si des groupes comme Swatch soutiennent un Salon qui représente l'industrie, et non pas uniquement le luxe, d'autres marques comme Bulgari admettent que le rapport coûts-bénéfices n'est plus assez attrayant et qu'ils pourraient quitter un jour cette foire.
Lâché par les sous-traitants
Trop cher, moins fréquenté, Baselworld a été délaissé par une grande partie des sous-traitants, soit les fabricants de machines, d'outils et autres fournisseurs.
Déçus, ceux-ci ont boudé l'édition 2018 et organisé un Salon des branches annexes qui s'ouvre ce mercredi à La Chaux-de-Fonds, comme l'avait révélé en novembre la RTS. Les joailliers, eux, sont partis pour Genève.
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Internet a changé la donne
Autre mutation importante, la concurrence du commerce sur internet, qui remet en question l'existence même d'une foire physique telle que Baselworld.
"Le concept du Salon doit évoluer, mieux s'ouvrir au public, et rendre cet événement plus glamour", proposait le patron de la manufacture horlogère Zénith.
Alors qu'il y a quelques années, jusqu’à la moitié des ventes se faisaient dans ce Salon, les marques n'y vendent presque plus de montres. Baselworld semble se muer en vitrine, qui coûte trop cher aux petits exposants.
>> Voir les explications du 12h45:
Reportage TV: Nicolas Rossé
Adaptation Web: Mouna Hussain
Un secteur qui se porte mieux
Après des années de crise, les ventes dans le secteur ont repris. Les exportations de l'horlogerie suisse ont augmenté de 12,8% sur janvier-février 2018 par rapport à la même période en 2017.
Si les grandes marques horlogères sont optimistes pour cette année, la situation des petites marques est plus nuancée.