Franprix, enseigne du groupe français Casino, a annoncé lundi l'ouverture d'un magasin sans interruption, 24h/24. Mais il n'y aura plus de personnel de vente entre 21h00 et 6h00 du matin et les clients paieront directement aux caisses automatiques. Seuls des agents de sécurité seront présents pour éviter les vols.
En Suisse, il est déjà possible aujourd'hui de faire ses emplettes la nuit dans certains shops de stations-service, puisque le peuple l'avait accepté en 2013. Et le conseiller national PLR genevois Christian Lüscher estime qu'ouvrir un magasin alimentaire sans interruption en Suisse est aussi envisageable "dans la mesure où on ne fait pas travailler du personnel de vente la nuit, parce que cela est interdit par la loi sur le travail".
Doutes sur l'intérêt économique d'ouvertures nocturnes
Le conseiller national laisse ouverte, en revanche, la question des vigiles chargés de surveiller les lieux, "puisqu'il s'agit de toute façon de personnes qui travaillent déjà la nuit." Le libéral-radical s'interroge cependant sur la rentabilité de tels horaires: "Economiquement, j'ai plus de doutes parce que laisser une Coop par exemple, ouverte toute la nuit pour voir 3 ou 4 personnes venir acheter deux sandwichs et une bouteille d'eau, je ne suis pas sûr que le jeu en vaille la chandelle."
Il n'est donc pas sûr que les grands distributeurs helvétiques aient un intérêt financier à rester ouverts la nuit. La clientèle potentielle à Paris n'est pas celle d'une grande ville suisse. Migros et Coop affirment d'ailleurs que cette option n’est pas à l’ordre du jour.
Un système qui ne ferait que déplacer le problème
La caisse automatique ne tombe pas sous le coup de la loi sur le travail, mais ce cas de figure préoccupe cependant les syndicats. Pour Arnaud Bouverat, membre du syndicat Unia, ce système ne fait que déplacer le problème, car derrière la machine se trouve toujours un travailleur.
"La numérisation porte toujours la focalisation sur le nombre de places de travail qui sont supprimées et on oublie de regarder le nombre de places de travail qui sont imposées malgré tout par ces machines", relève-t-il. "Donc il y a des questions de protection des travailleurs qui se posent aussi dans le cadre d'une économie numérique."
Quoi qu'il en soit, ce sont aujourd'hui les cantons qui restent maîtres des horaires d'ouverture des commerces - avec davantage de flexibilité côté alémanique.
Romain Bardet/oang