La nouvelle rédaction sera composée d'environ 15 personnes, précise le média sur son site internet. Jusqu'à 41 personnes seront licenciées, dont 24 dans la rédaction du quotidien orange. Le rédacteur en chef Grégoire Nappey "n’a pas souhaité diriger Le Matin dans ce contexte", et sera remplacé par Laurent Siebenmann, qui a rejoint la rédaction du Matin en février 2015.
Interrogée jeudi dans l'émission Forum, Doris Leuthard a expliqué que "le Conseil fédéral se préoccupe toujours de la diversité des opinions dans la presse écrite". Pour la conseillère fédérale, il faut avoir un choix. Regrettant les licenciements, Doris Leuthard a toutefois relevé que "dans ce cas, il y a une solution sur le côté numérique, c'est mieux que rien".
C'est "une coupe dans l'identité romande", a réagi la présidente du Conseil d'Etat vaudois Nuria Gorrite. Elle précise que son gouvernement s'inquiète de la prochaine disparition de la version papier du journal Le Matin. L'exécutif a également indiqué qu'il allait solliciter une entrevue avec la direction de Tamedia.
125 ans d'informations
Le journal, fondé en 1893 sous le nom de La Tribune de Lausanne, faisait partie des habitudes de beaucoup de Romands en matière d'information. En août 2017, Tamedia Suisse romande annonçait la réunion des rédactions de 20 minutes et du Matin pour le 1er janvier de cette année, les deux marques conservant leur identité propre.
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Aujourd’hui, le quotidien romand touche environ 218'000 lecteurs par jour. Il est déficitaire à hauteur de plusieurs millions de francs par année. Le Matin dimanche n'est quant à lui pas affecté par l'abandon de la version imprimée du Matin.
"Le Matin n'est pas mort"
Les collaboratrices et collaborateurs touchés seront mis au bénéfice de mesures d'accompagnement dans le cadre d'un plan social. La direction a demandé à rencontrer dès vendredi la représentation des employés accompagnée du syndicat Impressum, afin de démarrer la procédure de consultation.
"Le Matin n'est pas mort (...): notre priorité est d'assurer la pérennité de la marque, pas de la faire disparaître", assure Patrick Matthey, responsable de la communication de Tamedia en Suisse romande. Pour lui, la transformation du Matin est "presque inéluctable" car le journal "perd de l'argent depuis plus de 20 ans".
mh avec ats
Tamedia comparé à un "croque-mort" par les syndicats
Tamedia se comporte comme le "croque-mort" de la diversité de la presse en Suisse romande, ont réagi de leur côté les syndicats Impressum et Syndicom. L'annonce de supprimer la version papier du quotidien orange intervient alors même qu'une procédure est en cours depuis le 28 mars devant l'Office de conciliation vaudois, rappellent les syndicats.
Impressum, Syndicom et les rédactions romandes y demandent la sauvegarde du Matin papier et le gel des licenciements sur deux ans.
Tamedia, géant de la presse écrite en Suisse
Tamedia est devenu l'acteur incontournable de la presse en Suisse depuis le rachat d'Edipresse il y a bientôt dix ans. L'éditeur zurichois contrôle dans la partie francophone du pays la Tribune de Genève, 24 Heures, 20 minutes, Le Matin et le Matin Dimanche.
Outre-Sarine, Tamedia édite son produit historique, le quotidien zurichois Tages-Anzeiger. Outre ce dernier, le groupe détient à Berne la Berner Zeitung et le Bund. Il vient par ailleurs d'annoncer le 18 avril le rachat de la Basler Zeitung, à Bâle, à la société Zeitungshaus, dont l'ancien conseiller fédéral UDC Christoph Blocher est l'un des acteurs.