"Il y a une dizaine d'années, les quatre plus gros festivals de Suisse - Paléo, Montreux, Gurten et Saint-Gall - payaient environ 200'000 ou 250'000 francs pour une tête d'affiche. Aujourd'hui, il y a des festivals qui paient un million de francs", rapporte Sébastien Vuignier mercredi dans La Matinale de la RTS.
Cette hausse s'explique notamment par la multiplication des manifestations, non seulement en Suisse qui en compte plus de 400 mais aussi ailleurs dans le monde. "La culture des festivals aux Etats-Unis, par exemple, est très récente, tout comme dans les pays de l'est de l'Europe où il n'y avait pas de marché il y a une quinzaine d'années."
"Certains groupes préfèrent jouer en Serbie qu'à Montreux"
En découle une concurrence et une hausse des cachets. "Certains groupes préfèrent jouer au festival Exit en Serbie plutôt qu'à Paléo ou à Montreux parce qu'il a de grands moyens, beaucoup de sponsoring et une très grande capacité. Cela provoque un manque de têtes d'affiche et les organisateurs sont prêts à payer beaucoup plus que par le passé."
Au cachet s'ajoutent d'autres facteurs, précise Sébastien Vuignier. "Il y a aussi des coûts techniques et de sécurité qui sont plus élevés."
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Vers la disparition des petits festivals
Cette surenchère impliquera une disparition croissante de certaines manifestations, notamment les plus petites structures, estime le Valaisan.
"Si Paléo - qui vend 200'000 billets par édition - augmente ses prix de 5 francs, cela représente un million de francs de recettes supplémentaires. En revanche, pour un festival qui aurait une capacité de 15'000 places sur trois soirs et qui augmente ses billets de 10 francs, cela représente un apport supplémentaire de 150'000 francs."
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Propos recueillis par Pietro Bugnon
"Le prix des billets de concert n'a pas de lien avec la baisse des ventes de disques"
Alors que certains voient en la hausse des cachets une manière de compenser la baisse des ventes de disques, Sébastien Vuignier ne se dit pas convaincu par cette théorie.
"J'ai l'impression que c'est une explication un peu facile. La musique enregistrée et un billet de concert sont deux produits distincts qui répondent à des règles complètement différentes. Jamais un agent m'a justifié une hausse de cachet avec la baisse des ventes d'albums. Ils mettent plutôt en avant la bonne position de leurs groupes sur Spotify."