Le gérant de Vidéo Folies, Carlo Pavone, a tout fait pour sauver la dernière enseigne qui subsistait de sa chaîne de location de films. Il avait même déménagé de quelques mètres l'an passé, mais cela n'a pas suffi face à la concurrence de la vidéo à la demande (VOD) et d'internet.
Les points de location disparaissent, et les ventes de DVD ne se portent pas mieux: elles ont perdu 16% en 2016. Le chiffre d'affaires généré par les DVD et Blu-Ray est passé de 238 millions de francs en 2012 à 115,4 millions de francs en 2016, selon les derniers chiffres diffusés par l'Association suisse du vidéogramme.
"Un support parallèle"
Est-ce la fin du DVD? "On pourrait imaginer que les supports matériels connaissent le sort du laser-disc pendant la VHS, c'est-à-dire un support parallèle, qui soit destiné à des cinéphiles, à des fétichistes du film qui ont envie d'avoir l'objet, des bonus, des suppléments... En parallèle, l'industrie va plutôt pousser vers un support dématérialisé, qui lui coûte moins cher, qui est facile à diffuser, et qui a le seul désavantage de pouvoir être piraté", estime Charles-Antoine Courcoux, historien du cinéma à l'Université de Lausanne.
Les enseignants en cinéma sont d'ailleurs confrontés à cette nouvelle donne. "On a une médiathèque extrêmement riche, avec énormément de films en DVD...Et certains de nos étudiants n'ont plus de lecteur de DVD! Cela pose la question de comment leur proposer des films qu'ils puissent emprunter, d'une manière ou d'une autre, hors support matériel", glisse Charles-Antoine Courcoux.
La mue gagnante de Netflix
Charles-Antoine Courcourx évoque l'exemple de Netflix, une entreprise qui a fait évoluer son modèle avec succès. "C'est une société qui a été crée en 1997, au moment où le DVD commence. Et qui va d'abord faire de la location de DVD à domicile (...) et puis, peu à peu - et c'est là que le cas est très rare - Netflix va créer sa propre concurrence avec le lancement d'une diffusion via internet, en VOD. Et donc peu à peu, abandonner le service de poste et supplanter son propre modèle", décrit-il.
Et le géant de la vidéo à la demande a encore bétonné son modèle en 2012 en créant son propre contenu, avec des séries comme "Orange is the New Black" qui sortent quand même en DVD par la suite.
Et il reste des adeptes de l'objet DVD, à l'image de Mathieu Dorsaz, rencontré dans une bibliothèque. Il était justement en train d'emprunter quelques DVD, même s'il a plutôt l'habitude de les acheter. "La plupart des choses qu'on achète en DVD, c'est plutôt pour la petite, ou alors des documentaires animaliers. Un ami me parle d'une série, j'aime bien pouvoir la lui prêter...", raconte-t-il.
Julie Liardet/jvia