"On garde nos exigences, mais on se laisse du temps pour se parler", a expliqué vendredi Patricia Alcaraz, secrétaire syndicale chez syndicom. Les discussions devraient se dérouler auprès de l'Office vaudois de conciliation que Tamedia va saisir pour discuter du plan social pour ses employés licenciés. L'éditeur a annoncé le licenciement de 36 personnes, dont 22 dans la rédaction.
Préavis de grève
Une septantaine de personnes de tous les titres romands de Tamedia ont participé vendredi à une assemblée générale, à Lausanne. Un préavis de grève au 3 septembre a été très largement accepté, avec quatre abstentions et une voix contre, selon Patricia Alcaraz.
L'ultimatum a été fixé en septembre, "car nous sommes à la veille des vacances et de l'arrêt de la version papier du Matin. L'édition de demain sera un collector. La rédaction avait envie qu'il sorte", a confié la syndicaliste. La grève lancée début juillet reste donc suspendue. Durant trois jours, trois titres - Le Matin, 24 Heures et la Tribune de Genève - avaient paru en pagination très réduite.
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Consternation
La rédaction a réagi avec consternation à l'annonce "brutale" de Tamedia, jeudi, de mettre un terme à la procédure de médiation menée sous l'égide du Conseil d'Etat vaudois. Pour beaucoup, des pistes restaient à explorer. Cette décision est "incompréhensible", car il y avait matière à trouver un accord, estime un journaliste.
"La perspective de devoir payer un mois de salaire supplémentaire aux 40 personnes licenciées a eu raison des fausses promesses de Tamedia", ont écrit les rédactions. Qui rappellent que l'éditeur "a fait 170 millions de bénéfice l'an dernier".
Désespérant, selon Nuria Gorrite
Le Conseil d'Etat vaudois a également réagi avec force. "La médiation est morte, faute de participants", a déclaré Nuria Gorrite, la présidente du gouvernement vaudois.
"C'est désespérant, poursuit-elle. La dernière fois que l'on s'est vu, c'est-à-dire il y a quelques jours, les parties ont convenu de la nécessité et de la pertinence d'examiner en profondeur les pistes alternatives. Cela demande du temps pour chiffrer, pour construire quelque chose de sérieux", relève la cheffe de l'exécutif vaudois.
"Il est trop tôt pour dire si la rencontre prévue avec le président du FC Sion Christian Constantin est maintenue. On en saura plus dans les prochains jours", lâche Nuria Gorrite qui s'est investie dans cette médiation avec son collègue Philippe Leuba.
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Dernier numéro papier
Durant cette journée agitée, la rédaction du Matin a préparé son dernier numéro papier, à sortir samedi. La dernière séance de rédaction s'est tenue dans un climat chargé d'émotion.
"C'est un moment difficile, triste, mais on va faire notre travail jusqu'au bout. Pour donner au titre des obsèques en bonne et due forme", a expliqué Grégoire Nappey, le rédacteur en chef démissionnaire.
Ce dernier numéro sur papier - le titre continuera sur le net avec une équipe réduite à une quinzaine de personnes - sera particulier. Une large place sera accordée aux lecteurs et à ceux qui font Le Matin, pour certains depuis de nombreuses années.
ats/lan
Matin Sports, projet toujours d'actualité
Tamedia reste "ouvert" au projet d'un Matin Sports proposé par Christian Constantin, affirme de son côté Patrick Matthey, porte-parole de l'éditeur zurichois. Il explique que, dans un premier temps, la médiation était "utile pour sortir de la grève. Mais au-delà d'une courte durée, cette médiation politique n'est pas adaptée à la branche des médias", a-t-il expliqué.
Il n'existe de facto plus d'option pour poursuivre Le Matin en version imprimée, ce que le Conseil d'Etat a admis, a-t-il ajouté en substance. "La prochaine étape, pour Tamedia, c'est de négocier le plan social. C'est notre priorité", a affirmé le porte-parole.
>>Son interview dans le 12h30: