Le Brexit a déjà coûté plus de 2% à la croissance économique du Royaume-Uni, estime UBS. L'un des secteurs les plus touchés est celui des banques, qui vont perdre leur accès au marché européen.
Des milliers de postes sont en train d'être délocalisés vers Paris et Francfort. Jusqu'à 13'000, selon les dernières estimations. C'est moins que les pires pronostics, mais la City risque de perdre son statut de première place financière pour l'euro.
"Je rencontre des banques, des grandes ainsi que des privées, pour les assurer de notre confiance que Londres, en tant que centre financier, va survivre au Brexit", affirme au 19h30 de la RTS Charles Bowman, lord-maire de la City de Londres.
Le chef de la "Corporation de la Cité de Londres" se dit "confiant, mais pas arrogant" sur l'avenir du quartier d'affaires londonien, et sur le fait qu'il restera le plus grand marché de change au monde.
Prendre exemple sur la Suisse
La tâche s'annonce toutefois ardue. Privés de leur accès au marché unique post-Brexit, de nombreuses banques relocalisent. HSBC a d'ores et déjà annoncé sa délocalisation à Paris. UBS et Credit Suisse accéderont au marché européen via Francfort.
Pour apprendre à tirer son épingle du jeu en dehors de l'Europe, la City se tourne vers la Suisse: "La Suisse a remarquablement réussi toutes ses négociations bilatérales. Nous en tant que Britanniques nous apprêtons à entamer ce chemin, nous avons beaucoup à apprendre!"
En attendant, Paris sourit. Les transferts et créations de postes représentent indirectement 20'000 emplois. Pour Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, le Brexit aura au moins un effet positif. Celui de rééquilibrer ce qui était "une situation de bulle à Londres, avec une hypertrophie de l'industrie financière". Cette dernière devrait se répartir un peu plus entre les différentes capitales européennes, estime le lobbyiste parisien.
Part importante du PIB en danger
Charles Bowman, le porte-parole des entreprises de la City en fonction cette année, a voyagé dans 30 pays durant 110 jours pour limiter l'impact du Brexit sur la finance du pays.
Ce secteur compte pour 8 à 12% du PIB britannique, rappelle le lord-maire. Soit quelque 92 milliards de francs par an. Le premier citoyen de la City, dont seul le monarque lui est supérieur, précise que le secteur de la finance apporte énormément aux taxes étatiques: "Il contribue à hauteur de 60% du budget de la NHS", le système britannique de santé.
Influencer les politiques
Or, d'après Dean Turner, analyste chez UBS, "en cas de No Deal, la croissance du secteur financier sera sans doute inférieure à celle du reste de l'économie". C'est donc tout le secteur qui redouble d'effort pour influencer les politiques et qui espère un accord entre Bruxelles et Londres dans les semaines à venir.
"S'il n'y a pas accord sur le Brexit, nous aurons des problèmes qui pourraient remettre en question la stabilité de nos marchés, et 10 ans après la crise, personne ne doit risquer cela", conclut Catherine Mc Guinness, présidente du comité politique City of London Corporation.
Feriel Mestiri et Laurent Burkhalter