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Des réseaux de santé pour pallier le manque de médecins de famille

Gaspard Kühn: "Il est urgent de sauver le modèle du médecin généraliste qui a fait ses preuves."
Gaspard Kühn: "Il est urgent de sauver le modèle du médecin généraliste qui a fait ses preuves." / 19h30 / 1 min. / le 1 novembre 2018
Le recours aux médecins de famille est l'une des pistes pour lutter contre la hausse des coûts de la santé. Mais les généralistes se font de plus en plus rares. Un projet pilote tente d'y remédier, en mettant les médecins en réseau.

Une consultation chez un généraliste s'élève à 160 francs, contre 250 chez un spécialiste et 420 à l'hôpital, selon les chiffres de Santésuisse. L'une des pistes pour freiner la hausse des coûts est donc de redonner de l'importance aux médecins de famille.

Or, d'ici 2021, environ 75% des médecins de famille actifs auront atteint l'âge de la retraite. Et la relève fait défaut. Actuellement, seul un étudiant en médecine sur cinq choisit d'être généraliste.

Cette situation est particulièrement préoccupante dans les régions périphériques, où les cabinets de campagne peinent à trouver des repreneurs.

Crainte de l'isolement

Les habitants de Satigny, dans le canton de Genève, en savent quelque chose. Dans ce village, le cabinet tenu durant 40 ans par le docteur Fontaine, décédé il y a quelques mois, ne trouvait pas de repreneur.

Selon sa veuve, qui a dû trouver rapidement une solution, les candidats potentiels se heurtaient toujours aux même obstacles: "Ils craignent l'isolement lié à la situation géographique, mais aussi dû au fait de travailler seul. Et il y avait aussi une crainte de devoir prendre en charge seul tous les aspects administratifs", énumère Christine Fontaine à la RTS.

C'est grâce au réseau de santé d'Onex à Genève (GMO) qu'un jeune docteur, Gaspard Aebischer, a pu reprendre ce cabinet à 50%. Lui ne craignait pas l'isolement géographique, puisqu'il souhaitait s'installer hors de la ville. Mais "l'opportunité se présentait un peu trop tôt" dans sa carrière, explique-t-il.

Il y avait l'appréhension administrative, mais aussi clinique, "de se retrouver seul face au patient, sans pouvoir partager des cas avec un collègue". C'est précisément ce que va lui apporter le réseau médical d'Onex.

S'adapter aux jeunes médecins

La reprise du cabinet de Satigny est une première pour le groupe, et une manière de s'adapter aux plus jeunes confrères.

Philippe Schaller, cofondateur du GMO, est conscient des besoins de la nouvelle génération: "Le médecin à Satigny va travailler de manière indépendante. Mais il a envie de travailler à temps partiel, il a envie d'avoir des collègues avec qui partager, il a envie d'avoir des outils informatiques. Et c'est le groupe médical d'Onex qui va mettre en place cette infrastructure."

Selon lui, il est important aujourd'hui de faire des nouvelles expériences dans le cadre des cabinets au sein de villages.

Cette formule, économe pour la santé, pourrait servir d'exemple, alors que les régions périphériques voient les cabinets de généralistes fermer les uns après les autres.

>> Regarder le reportage à Satigny dans le 19h30 :

Un jeune médecin est soutenu par un réseau de santé. Projet pilote à Satigny dans le canton de Genève.
Un jeune médecin est soutenu par un réseau de santé. Projet pilote à Satigny dans le canton de Genève. / 19h30 / 2 min. / le 1 novembre 2018

Sujet TV: Delphine Gianora et Gaspard Kühn

Adaptation web: Feriel Mestiri

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Plus de 2000 médecins de famille manquent en Suisse

Aujourd'hui, seuls 30% des médecins en Suisse sont généralistes, contre 70% de spécialistes. Selon l'Organisation mondiale des médecins généralistes (Wonca) l'idéal serait un rapport de 60% de médecins de famille pour 40% de spécialistes.

Environ 50% des médecins de famille veulent ou doivent poursuivre leur activité jusqu'à l'âge de 70 ans en moyenne. Or, il manque d'ores et déjà plus de 2000 médecins de famille à plein temps pour atteindre la couverture médicale recommandée d'un médecin de famille pour 1000 habitants (une exigence de l'OCDE).

Si l'on tient encore compte de l'évolution démographique et en admettant que 20% des étudiants en médecine choisiront la médecine de famille, le déficit à combler dans dix ans sera de 60%, soit plus de 5000 médecins de famille à plein temps.