ABB a décidé de construire en Chine une usine qui réalisera une partie de ce qui était il y a encore peu de la fiction: un être humain minoritaire pour laisser la place aux robots. Concrètement, des chariots se déplaceront de manière autonome entre des îlots pour apporter des pièces aux robots de fabrication, en vue de rendre les cycles de production plus rapides.
Avec cette usine d'un coût annoncé de 150 millions de dollars, le groupe helvético-suédois vise une production de 100'000 robots par an, un quart de toute sa production.
Une implantation stratégique
Pour ABB, cette implantation est stratégique, car la Chine est un marché prioritaire en tant que berceau des avancées technologiques. La multinationale y emploie 18'000 personnes, dont 5000 à Shanghaï.
Un robot sur trois vendu dans le monde est en effet destiné à l'industrie chinoise et la Chine a acheté près de 140'000 robots l'an dernier. Très loin derrière, les Etats-Unis arrivent à la quatrième place avec 33'000 robots seulement.
Le nombre de robots a doublé en l'espace de deux ans entre 2015 et 2017. Le premier moteur de cette croissance est évidemment l’entrée massive de la Chine dans des secteurs qui exigent des outils automatisés de haut niveau, comme la construction de semi-conducteurs.
La Chine bientôt à la première place
Pour l'instant, les Chinois importent beaucoup de robots, mais cela ne va certainement pas durer. Dans moins de deux ans, au moment où ABB ouvrira sa nouvelle usine, la Chine aura certainement atteint son objectif de compter parmi les dix pays les plus automatisés au monde. Elle restera loin toutefois derrière la densité de robots par habitants qu’on observe en Corée du Sud, mais toute proche des Etats-Unis.
En combinant sa position avancée dans l'intelligence artificielle à sa future domination dans la robotique, le changement d'équilibre sera sans précédent.
Dans cette progression fulgurante, la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis est une source de motivation supplémentaire pour la Chine à miser sur les robots et compenser les nouvelles taxes douanières.
La robotisation a aussi des effets sur l'emploi en Suisse
La robotisation ne concerne pas que la Chine, mais se déroule aussi largement en Suisse, avec divers effets. Selon les estimations, entre 1 et 1,2 million d'emplois pourraient disparaître en Suisse d'ici 2030 à cause de la numérisation et la robotisation et 46% des heures de travail actuelles effectuées par des humains pourraient être remplacées par des machines.
Des emplois vont ainsi disparaître, comme c'est déjà le cas dans le secteur commercial, mais des emplois vont dans le même temps être créés, notamment dans le secteur technologique ou la programmation. On pense aussi que les collaborations entres les robots et les humains vont s'intensifier. Les entreprises devront aussi former leurs employés pour qu'ils s'adaptent à de nouvelles tâches.
Sujet radio: Frédéric Mamaïs
Sujet TV: Delphine Gianora
Adaptation web: Frédéric Boillat