Selon le quotidien britannique Financial Times la semaine dernière, plusieurs hommes d'affaires russes ont été priés, sous la pression de Washington, de ne pas prendre part au Forum qui réunit chaque année le gratin économique et politique de la planète.
Parmi les personnes concernées, le magnat de l'aluminium Oleg Deripaska, le patron de la banque publique VTB, Andreï Kostine, et le propriétaire de la société d'investissement Renova, Viktor Vekselberg. Tous trois ont en commun d'être la cible depuis cette année de sanctions américaines et d'être considérés comme proches de Vladimir Poutine.
Dmitri Medvedev évoque ce dossier avec Alain Berset
Jusqu'à présent, ces informations n'ont pas été confirmées et les organisateurs du Forum de Davos, dont la prochaine édition aura lieu du 22 au 25 janvier 2019, n'ont pas commenté. Mais le dossier est pris très au sérieux en Russie à un moment où ses relations avec les Occidentaux, en particulier avec les Etats-Unis, sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide.
"Si les décisions concernant les représentants d'entreprises russes ne sont pas modifiées, nous devrons prendre la décision de refuser la participation d'entreprises et de hauts fonctionnaires russes au Forum de Davos", a assuré le Premier ministre russe au cours d'une conférence de presse en marge d'une rencontre internationale sur l'avenir de la Libye organisée à Palerme (Italie) et diffusée à la télévision russe.
Evoquant une "décision très étrange", Dmitri Medvedev a précisé s'être entretenu à ce sujet avec le président de la Confédération helvétique, Alain Berset. "Je lui ai dit que c'est pour nous surprenant, d'autant que c'est une organisation non gouvernementale", a déclaré le Premier ministre russe.
Alain Berset, a-t-il dit, lui a répondu qu'il allait "se renseigner".
jzim avec afp et Frédéric Mamaïs
"Le Forum de Davos est devenu ce qu'il est grâce à de tels hommes d'affaires"
Après les informations du Financial Times, le Kremlin avait estimé que le Forum de Davos se couperait de "ses fondements" si Oleg Deripaska ou Andreï Kostine en étaient exclus.
"Deripaska, Kostine et Vekselberg ne sont pas devenus ce qu'ils sont grâce au Forum. Mais le Forum de Davos est devenu ce qu'il est grâce à de tels hommes d'affaires", avait expliqué aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Dans les faits, la présence russe est pourtant réduite depuis plusieurs années à Davos et la période des soirées fastes avec caviar et vodka offerts par les milliardaires russes est déjà révolue. En 2011, Dmitri Medvedev, alors au poste de chef de l'Etat, avait prononcé le discours d'ouverture du Forum mais Vladimir Poutine n'y a jamais participé depuis son retour au Kremlin, en 2012.
Un Russe membre du Conseil de fondation du WEF hors turbulences
Une personnalité russe devrait vraisemblablement rester à l’abri de toute turbulence: Herman Gref, le directeur général de Sberbank, la plus grande banque russe.
Herman Gref est un proche depuis longtemps du fondateur du World Economic Forum, Klaus Schwab, et siège dans la plus haute instance du WEF, le Conseil de fondation. Il a sa place aux côtés des Christine Lagarde, Peter Brabeck, Jack Ma, Peter Maurer ou Al Gore.
Avant cela, Herman Gref a été un ministre du développement influent durant les premières années de pouvoir de Vladimir Poutine. Il figure aujourd'hui lui aussi sur la liste des oligarques dans le viseur de Washington, aux côtés de Deripaska, Kostine et Vekselberg.
Un profil potentiellement tout aussi gênant, sauf que Klaus Schwab, en raison de sa longue amitié, aura peut-être pu sauver des pressions américaines.