Un festival de journalisme pour "que les fantasmes n'aient plus cours"
Souvent critiqué, décrié, le journalisme va à la rencontre de son public à l'occasion d'un festival international en France. Son directeur défend la nécessité, pour la profession, de se confronter à "des gens qui se posent légitimement des questions sur le métier".
Considérée parfois comme arme de guerre, à l'instar de ce qui se passe en Ukraine, l'information vit des temps difficiles. Et le métier de journaliste, mal connu, en constante évolution, est l'objet de fantasmes. Depuis 2016, un festival international lui est consacré chaque été à Couthures-sur-Garonne, dans le sud-ouest de la France.
Destiné au grand public, il connaît des records de fréquentation. Invité lundi de La Matinale de la RTS, son directeur explique cet intérêt croissant pour un métier pourtant très décrié par la volonté de couvrir un champ le plus large possible.
"C'est un festival où on parle de journalisme, mais aussi de paysage des médias, de l'information", souligne Gilles Van Kote. "Et c'est vrai qu'il y a un intérêt de plus en plus important, avec à la fois un mélange de fascination et parfois de défiance dans une partie de la population".
La manifestation est l'occasion pour les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs de rencontrer des professionnels de l'information et de discuter avec eux de façon très horizontale, ajoute le journaliste qui travaille depuis plus de vingt ans au quotidien Le Monde. "C'est assez unique, il n'y a pas à ma connaissance de forum" similaire en France.
Les gens "veulent qu'on soit meilleurs"
Pour les nombreux représentants de la profession qui seront présents du 15 au 17 juillet, c'est l'occasion de se confronter directement à leur public. "Et on s'aperçoit qu'il y a un très fort niveau d'exigence de leur part", note Gilles Van Kote. "S'ils sont critiques envers les journalistes, c'est parce qu'ils veulent qu'on soit meilleurs. Et ça, c'est quelque chose de plutôt rassurant et stimulant pour des journalistes qui, toute l'année, affrontent la vindicte des réseaux sociaux dont on sait qu'elle peut être extrêmement violente".
Et le directeur du festival l'assure: "On veut traiter les sujets de façon frontale, sans se raconter d'histoires, sans tabous, avec des gens qui se posent légitimement des questions sur notre métier".
A l'heure du complotisme, des fake news, "c'est encore plus important de montrer de la transparence, et de raconter aussi un peu les arrière-cuisines de notre métier", ajoute-t-il. "Il y a le côté glamour, très excitant, du reportage. Mais il y a tout le quotidien du journaliste que les gens de connaissent pas. Et je pense qu'on a tout intérêt à le raconter pour que les fantasmes n'aient plus cours".
Le quotidien romand Le Temps est partenaire du festival depuis quatre ans.
Propos recueillis par Karine Vasarino/oang
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La concentration des médias en débat
La pression s'accentue toujours plus sur les rédactions, dans les pays occidentaux et en France en particulier, avec la concentration toujours plus grande des médias.
"Cela pose évidemment des questions sur la liberté d'informer, sur la liberté éditoriale de ces entités énormes qui sont en train de se constituer", relève Gilles Van Kote.
"En même temps, ajoute-t-il, "on a besoin de médias qui ont une certaine surface économique. Donc l'idée n'est pas de critiquer la concentration des médias juste pour la critiquer".
Pour le directeur du festival, cette évolution demande une régulation de la part des Etats, "parce que, sinon, on va finir par se retrouver devant des monopoles d'information".
Le service public, lui, est un contre-modèle, mais "pose question aussi", relève le journaliste. "Est-ce le rôle des Etats de financer des services publics d'information?", s'interroge-t-il.