Patrick Nordmann a marqué l’histoire de la radio avec des émissions comme "Au fond à gauche" ou encore "Cinq sur cinq". Une radio d'humour, décomplexée. On l'a connu volontiers moqueur, corrosif, passant l'actualité à la moulinette aux côtés de Lova Golovtchiner dans Le fond de la corbeille, osant critiquer les petits et les grands travers de son temps.
Son père Roger Nordmann, lui aussi journaliste, a pour certains réinventé la radio moderne. Des émissions lui ont survécu, comme la Chaîne du bonheur. Digne descendant de son père, c'était "un personnage aux multiples facettes", a témoigné samedi soir dans l'émission Forum un autre homme de radio, son collègue et ami Jean-François Moulin.
Fils d'intellectuel mais très terrien, il aimait les chevaux, l'univers des westerns, et disait toujours: "Je suis à la fois l'indien et le cowboy". En l'an 2000, il signe d'ailleurs le scénario de la bande dessinée "Le prophète", 110e histoire de la série Lucky Luke de Morris. Il récidive deux ans plus tard avec le scénario de "La légende de l'ouest".
"Il aimait ferrailler avec le monde"
"C'était un personnage qui aimait ferrailler avec le monde, avec ce qui ne lui plaisait pas. Lui aimait la paix, tout ce qui était heureux", raconte Jean-François Moulin, qui dresse aussi le portrait d'un homme qui détestait l'injustice et pouvait fouiller longtemps pour ses enquêtes.
Il se souvient en particulier de son rire, qui émergeait nettement même au sein d'un public. "Je n'ai jamais autant ri qu'avec Patrick Nordmann. Il avait un humour très particulier, aimait se moquer de lui-même. Et il le faisait avec un tel bonheur que c'était vraiment un enchantement de passer des soirées avec lui!"
Pas plus tard que cet été, le 12 juillet, à l’occasion des 100 ans de la Radio suisse romande, Patrick Nordmann était l’invité de l’émission "Les Bonnes ondes" aux côtés de son acolyte Jean-Charles Simon. L’occasion d’évoquer avec nostalgie et autodérision leurs vies de radio.
Biberonné au Canard enchaîné
A la fin de sa carrière, il co-fonde avec Thierry Barrigue l'hebdomadaire Vigousse, puis une agence de journalisme d'investigation. "On n'aime pas les injustices. On n'aime pas que les pouvoirs, qu'ils soient politiques, économiques ou judiciaires, s'arrogent des pouvoirs qui sont hors des règles qu'ils devraient suivre", déclarait-il à la RTS peu après la fondation du journal satirique.
"Patrick Nordmann a été baigné par le Canard enchaîné. C'était sa bible. On le ressentait lorsqu'il faisait les sous-titres de Vigousse. C'est sans doute ce qui lui a donné cette verve, ce talent d'écriture", explique Jean-François Moulin, qui rappelle aussi un autre de ses talents, moins connu, son rôle de parolier pour Pascal Auberson.
Forum/Vincent Cherpillod