Mort de L'Hebdo, licenciements au Temps et à l'Agence télégraphique suisse (ATS), fusion de plusieurs rédactions chez Tamedia, initiative No Billag le 4 mars: rarement la situation des médias aura été aussi critique en Suisse romande. Refusant l'alarmisme, Frédéric Gonseth estime que "la réflexion qui commence est très positive".
"A la fin, il y aura une prise de conscience", estime-t-il dans un entretien au 12h30 de la RTS. "Soyons optimistes, regardons le printemps arriver", ajoute-t-il. C'est ainsi que le réalisateur vaudois justifie le titre - surprenant dans la morosité ambiante - de son documentaire, coproduit par la RTS.
Une "fracture générationnelle"
Parti à la rencontre de deux mondes, les journalistes romands et des jeunes, ces moins de 25 ans habitués à la gratuité de l'information et qui peinent à identifier une "fake news", Frédéric Gonseth raconte une "fracture générationnelle". Il donne la parole à une génération qui ne se pose pas la question de la valeur de l'information et qu'il est, selon lui, urgent de mieux éduquer. Il interroge aussi les acteurs d'un système qui peine à se renouveler, faute de véritable modèle économique alternatif.
"Neuf francs sur dix viennent encore du papier", observe par exemple Pierre Ruetschi, le rédacteur en chef de la Tribune de Genève, dans le documentaire.
Le journalisme est un bien commun (...) il est une oeuvre volontaire d'une société qui se donne les moyens de s'informer correctement
Mais si les médias peinent à se renouveler, c'est aussi parce que le journalisme n'est plus une priorité pour les éditeurs. En cela, la mort de L'Hebdo a permis une prise de conscience, relève Frédéric Gonseth. "Ils défendent des intérêts financiers, des stratégies internationales dans lesquelles le journalisme devient un espèce d'objet culturel un peu curieux, non rentable économiquement", décrit-il sur La Première.
Nouvelles initiatives
Mais le vide laissé par l'hebdomadaire romand a rapidement été comblé par de nouvelles initiatives. "Les éditeurs ne s'intéressent plus au journalisme, c'est le moment d'entrer en résistance et de faire du journalisme", juge Anna Lietti face caméra. Ancienne plume de L'Hebdo, elle écrit désormais pour le magazine numérique Bon pour la tête.
Des projets dans lesquels Frédéric Gonseth, résolument décidé à voir le verre à moitié plein, voit les prémices d'un renouveau journalistique, rendu possible par l'apparition de modes de financements alternatifs, qu'il contribue à mettre en place.
Propos recueillis par Nadine Haltiner
Adaptation web: Juliette Galeazzi
* "Le printemps du journalisme" diffusé dimanche 28 janvier à 21h00 sur RTS Deux