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La fronde de 283'000 "gilets jaunes" ternie par un décès et des heurts

Gilets jaunes: le ras-le-bol des automobilistes français a atteint la frontière genevoise, reportage à Annemasse.
Les "gilets jaunes" expriment leur ras-le-bol / 19h30 / 2 min. / le 17 novembre 2018
Plusieurs centaines de milliers de "gilets jaunes" ont protesté samedi dans toute la France contre la hausse des taxes sur le carburant et la baisse du pouvoir d'achat. Des accidents, dont un mortel, et des débordements ont entaché cette fronde anti-Macron.

Le ministère de l'Intérieur a estimé à près de 283'000 le nombre de "gilets jaunes" ayant manifesté durant la journée à travers la France et à plus de 2000 le nombre de rassemblements. Si la plupart d'entre eux se sont tenus dans une ambiance bon enfant, plusieurs se sont terminés dans la violence et par des affrontements entre des manifestants et les forces de l'ordre, notamment dans le centre de Paris.

Le pays n'a pas été complètement paralysé, comme le souhaitaient les "gilets jaunes", mais certaines autoroutes ont été totalement bloquées, comme l'A63 entre la France et l'Espagne ou l'A6 au péage de Villefranche-Limas, dans le Rhône. Plus de 450 routes du pays ont aussi été investies par les manifestants.

Une manifestante tuée

Le ministère de l'Intérieur a fait état de plusieurs incidents graves sur des points de blocage: une manifestante a été tuée en matinée en Savoie après avoir été heurtée par une voiture dont la conductrice a été prise de panique à un barrage organisé par les "gilets jaunes". D'autres incidents ont fait 229 blessés, dont sept graves.

A Grasse, dans les Alpes-Maritimes, un automobiliste a renversé un policier en forçant un barrage avant d'être arrêté. Deux policiers ont aussi été blessés à Quimper, dans le Finistère, lors de débordements.

Sur l'île de la Réunion, un automobiliste a tiré en l'air devant des "gilets jaunes".  Il a utilisé un pistolet d'alarme, ce qui a occasionné un "moment de panique", puis a pris la fuite, ont précisé les autorités.

Les forces de l’ordre de l’ordre ont aussi procédé à 117 interpellations, ayant donné lieu à 73 gardes à vue. Les blocages ont ensuite progressivement été levés dans la journée .

>> Les manifestants expriment leurs revendications :

paroles de gilets jaunes
Paroles de "gilets jaunes" / L'actu en vidéo / 59 sec. / le 17 novembre 2018

Des représentants politiques dans les manifestations

Le mouvement se voulait apolitique et asyndical. A Tarbes, un sympathisant de Lutte ouvrière qui distribuait les tracts s'est fait éconduire sans ménagement par les participants au rassemblement. Les "gilets jaunes" ont toutefois reçu le soutien de plusieurs représentants politiques. Le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan a jugé sur France Info que le gouvernement avait une "dernière chance" d'entendre "le peuple".

Plusieurs responsables des Républicains se sont également rendus à des rassemblements, tel Guillaume Peltier dans le Loir-et-Cher et Damien Abad dans l'Ain. Des élus du Rassemblement national étaient également présents aux côtés des gilets jaunes, mais pas Marine Le Pen. Des membres de la France insoumise ont aussi participé aux manifestations, dont son leader Jean-Luc Mélenchon.

A contrario, des députés de La République en Marche s'inquiétaient du premier bilan humain de cette journée et soulignaient que la sécurité devait être "la priorité absolue", selon les mots de Matthieu Orphelin, qui évoque "un terrible bilan".

>> Reportage à Delle, en France voisine, dans Forum :

Des "gilets jaunes" manifestent à Delle, en région Bourgogne-Franche-Comté, ce 17 novembre 2018. [RTS - Gaël Klein]RTS - Gaël Klein
En France, les "gilets jaunes" ont participé à plus de 2000 rassemblement dans tout le pays / Forum / 5 min. / le 17 novembre 2018

Plan de 500 millions d'euros

A l'initiative de la grogne se trouvent des membres de la société civile mobilisés contre la hausse du prix des carburants. Puis les motifs de grief se sont élargis à une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et à une protestation contre la baisse du pouvoir d'achat.

Au 1er janvier 2019, les taxes sur le gazole doivent augmenter de 6,5 centimes d'euro par litre et celles sur l'essence de 2,9 centimes.

Pour calmer le jeu avant cette journée de mobilisation, l'exécutif a élaboré en catastrophe un plan de 500 millions d'euros destiné à aider les ménages les plus modestes à faire face à la hausse des prix et, au-delà, à apaiser les mécontentements, dont une "super prime" à la conversion pour les automobilistes changeant de véhicule et un élargissement des indemnités kilométriques.

>> L'analyse de Bruno Cautrès, chercheur CNRS, dans Forum :

Bruno Cautrès, chercheur CNRS spécialiste des sondages. [Dailymotion]Dailymotion
Mouvement des "gilets jaunes": interview de Bruno Cautrès / Forum / 6 min. / le 17 novembre 2018

agences/pym/boi

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