Au Royaume-Uni, le douloureux procès des viols collectifs de Rotherham
Six hommes ont été condamnés vendredi pour viols collectifs et abus sexuels sur cinq filles mineures à Rotherham, près de Sheffield, dans le nord de l'Angleterre. Leurs peines s'échelonnent de 10 à 23 ans. Un septième sera jugé ultérieurement.
Les accusés, tous issus de l'immigration pakistanaise, s'en sont pris à des filles de 13 à 16 ans entre 1998 et 2005. Pendant sept ans, ils ont soumis leurs victimes à des actes dégradants et violents, en utilisant l'alcool, la drogue et le chantage pour profiter d'elles, rapporte la BBC.
Extrême vulnérabilité
"Les filles étaient fascinées par des hommes asiatiques plus âgés, des hommes qui avaient une voiture", a relevé la procureure. "Aucune n'avait la maturité de réaliser qu'elles étaient manipulées et exploitées".
"Chacun d'entre vous a, à sa façon, perpétré, facilité ou encouragé les abus sur ces jeunes filles (...) Vous ne pouviez pas douter que les plaignantes étaient dans une vulnérabilité extrême", a-t-elle indiqué aux accusés au moment de la sentence.
Ces décisions de justice résultent d'une enquête lancée après qu'un rapport rendu en 2014 a révélé l'ampleur des faits, survenus entre 1997 et 2013 dans la région de Rotherham. Le texte constatait l'échec de la police et des services sociaux à mettre fin aux activités de ces prédateurs généralement asiatiques et organisés en réseaux.
Une fois il m'a giflée, mais je pensais que c'était la façon normale d'exprimer de l'affection envers quelqu'un...
Linzi, rencontrée par la RTS, avait 14 ans lorsqu'elle est devenue la proie d'un gang similaire et d'une homme dix ans plus vieux qu'elle. "Il voulait me contrôler, m'utilisait pour transporter de la drogue, me manipulait pour attirer d'autres hommes qu'ils agressaient ensuite. Je n'osais pas refuser. J'avais peur de lui", témoigne-t-elle.
Un jour, elle tombe enceinte et avorte, quand elle finit par mesurer la gravité de la situation. "Son frère m'a dit qu'il a sept enfants de sept mères différentes. Il n'avait aucun respect. Il me traitait d'ordure, de fille blanche, de traînée", précise-t-elle.
Autorités locales critiquées
L'origine ethnique des victimes, la plupart issues de classes ouvrières britanniques, et des accusés, pakistanais, alimente dans le pays les discours d'extrême droite. Le gouvernement a lui aussi réagi, reprochant aux autorités locales leur lenteur et une certaine peur d'enfreindre le politiquement correct en se focalisant sur une certaine communauté.
Des représentants pakistanais prennent néanmoins leurs distances face à de telles violences, à l'instar de Mohammed Shafi, directeur de The Ramadhan Foundation. Il confie à la RTS: "Nous pensions d'abord que c'était de la propagande de l'extrême droite. Mais en fait ce n'en était pas. Nous ne pouvons pas tolérer ce genre de comportement".
Sujet TV: Laurent Burkhalter
Adaptation web: Juliette Galeazzi