Cette semaine pourrait être celle "de tous les dangers" pour Theresa May, comme l'esquisse le quotidien Le Monde.
Pour Victoria Curzon-Price, professeure honoraire d'économie à l'Université de Genève, la Première ministre britannique ne tombera peut-être pas ces prochains jours mais possiblement après le vote du Parlement début décembre. "Beaucoup pensent que l'accord qu'elle a rapporté de Bruxelles n'a aucune chance de passer par le Parlement, il y a trop de négatif là-dedans", fait-elle remarquer dans la Matinale.
"Tout à coup, toutes les fractures cachées sortent"
Quoi qu'il en soit, c'est un moment historique pour la Grande-Bretagne, mais qui date en fait du référendum de 2016. "Depuis, le Royaume-Uni ne discute que de ça et je pense que la population en a marre, souligne-t-elle. "Tout le monde est fatigué, énervé. Et on voit tout à coup des choses immenses comme la dislocation complète du Royaume-Uni, par exemple. Tout à coup, toutes les fractures cachées sortent."
Cette spécialiste des institutions européennes estime que - quel que soit l'accord final - cela n'apaisera pas les choses: "C'est un révélateur de problèmes." Et tous les scénarios restent possibles aujourd'hui, y compris un nouveau vote sur le Brexit. "C'est tout à fait ouvert", relève Victoria Curzon-Price. "Mais si le Parlement rejette l'accord, Mme May, je crois, doit démissionner."
"Avec l'accord, il n'y a pas de sortie"
La professeure d'économie se montre du reste très critique sur l'accord conclu entre la Première ministre britannique et le négociateur européen Michel Barnier. "Je trouve que l'accord est terrible parce qu'il n'y a pas de sortie à la fin", dit-elle. "On ne voit pas d'issue et cela veut dire que l'incertitude - pour les affaires, pour les investissements - n'a pas de fin. Alors que le Brexit dur, c'est deux, peut-être trois années de réajustement, mais au moins on sait où on est. Et pour l'économie, ce genre de cassure simple est préférable à un accord qui ne sort jamais du système."
Propos recueillis par Romain Clivaz/oang
"Toute la partie non-urbaine"
Pour Victoria Curzon-Price, "le gros des brexiteurs, c'est d'abord l'ancienne classe dirigeante, rurale essentiellement, ancien régime, et âgée", les nostalgiques de l'empire". "C'est toute la partie non-urbaine et villageoise", résume-t-elle.