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L'image du Père Fouettard noir toujours plus contestée aux Pays-Bas

C'est arrivé loin de chez vous (vidéo) - Pays-Bas: touche pas à mon Zwarte Piet
C'est arrivé loin de chez vous (vidéo) - Pays-Bas: touche pas à mon Zwarte Piet / La Matinale / 2 min. / le 20 novembre 2018
La traditionnelle fête de la Saint-Nicolas fait de plus en plus polémique aux Pays-Bas. En cause: l'image de son fidèle assistant noir Zwarte Piet, considérée comme raciste par une partie de la population.

Zwarte Piet (Pierre le Noir en français, mais plus communément appelé le Père Fouettard) est petit et porte une grande boucle d’oreille et un costume de page à pantalon bouffant. L’assistant de Saint-Nicolas distribue bonbons ou coups de martinet tandis que son maître comble les enfants de cadeaux chaque 6 décembre.

Et comme son nom l’indique, Zwarte Piet est noir comme l’ébène. Mais depuis quelques années, sa couleur de peau est au centre d’une polémique. Pour les activistes du mouvement "Dégagez Zwarte Piet", sa représentation populaire est raciste: un Noir un peu idiot et dissipé qui marche à côté de son maître, un Blanc monté sur un beau cheval. Pour le camp adverse, il s'agit d'une atteinte intolérable aux traditions.

Festivités perturbées le week-end dernier

Le défilé a donné lieu à des affrontements samedi 17 novembre à Eindhoven. [EPA/Keystone - Rob Engelarr]
Le défilé a donné lieu à des affrontements samedi 17 novembre à Eindhoven. [EPA/Keystone - Rob Engelarr]

Tous les journaux télévisés ont longuement abordé le week-end dernier les échauffourées dans plusieurs villes à l’occasion du traditionnel défilé de Saint-Nicolas et de ses Zwarte Piet, qui se déroule en novembre déjà. Les festivités ont été marquées par des insultes racistes, des jets d’œufs et des interpellations.

Des manifestants ont même été arrêtés avant d’arriver sur les lieux, une décision justifiée par les autorités pour des raisons de sécurité. Jerry Afriyé, Néerlandais d’origine ghanéenne qui mène la fronde, a dénoncé une "atteinte au droit fondamental à manifester.

Le Premier ministre Mark Rutte, de son côté, estime que la polémique n'a pas lieu d'être. "Les enfants veulent juste profiter de cette belle tradition néerlandaise", a-t-il dit, appelant à mener le débat "calmement" et "ailleurs."

Un ramoneur plutôt qu'un petit Noir

Certains rétorquent que c’est justement devant les enfants que doit être mené ce débat sur le racisme. D’autant que les anti-Zwarte Piet ne veulent pas le faire disparaître, mais plutôt remplacer le cliché du petit Noir - qui n’est pas historiquement prouvé - par le personnage d’un ramoneur au visage noirci par la suie en livrant les cadeaux. Ce changement, que la capitale Amsterdam a d'ailleurs instauré, est soutenu par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Une polarisation récupérée par l'extrême droite

La population, elle, y est majoritairement opposée à l'exception des jeunes entre 18 et 25 ans. Mais au-delà des chiffres, la polémique rappelle que la société néerlandaise n’est pas aussi tolérante, pragmatique et ouverte qu’elle l’affirme - notamment dans les forums conçus pour attirer les multinationales étrangères aux Pays-Bas.

Et cette polarisation a aussi des conséquences politiques. Elle fait le beurre de l’extrême droite menée par Geert Wilders et par son principal challenger Thierry Baudet du parti Forum pour la démocratie.

Alain Franco/oang

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