À l'extrême nord-ouest du Mexique, la ville de Tijuana abritait déjà plusieurs milliers de demandeurs d'asile, de toutes nationalités. Récemment, cette ville frontière est en plus devenue le point de chute de la caravane de migrants centraméricains.
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Tous patientent dans l'espoir de déposer une demande d'asile aux Etats-Unis. Face à ce véritable défi d'organisation, un système complexe d'ordre de passage a été mis en place par les migrants eux-même, en coordination avec les autorités.
À son arrivée, chaque migrant reçoit un ticket qui lui indique son ordre de passage. "Si vous avez le numéro 1400, vous revenez dans un mois", explique un organisateur, lui-même migrant. Yoan Padilla, jeune Hondurien, contemple anxieusement le ticket qu’il vient de décrocher: 1516.
Temps d'attente qui s'allongent
Ce mardi, 50 personnes ont eu droit à un entretien avec les autorités américaines. Les temps d'attente s'allongent sur des semaines, voire des mois. L'arrivée imminente de la deuxième partie de la caravane, qui compte quelque 3500 Centraméricains, n'arrange pas la situation.
"Tout à coup, la caravane arrive et toute la sécurité s’intensifie, s'inquiète Carlos Ornelas, demandeur d'asile mexicain. Ce n’est pas juste. Il y a un risque que les postes-frontière ferment complètement et que toutes les demandes soient rejetées."
Franc Narcisse, Camerounais, blâme plutôt la lenteur du système: "Les Américains devraient faciliter l'entrée des gens au plus vite plutôt que de les bloquer aussi longtemps."
Plus de sécurité, moins d'admissions
C'est pourtant l'inverse qui se met en place. Cette semaine, des barrières sont venues rétrécir la voie d’accès au poste-frontière de Chaparral, et des rouleaux de fil barbelé flambants neufs se sont dressés côté américain.
Cause invoquée, un hypothétique assaut de la caravane de migrants. Cette peur est régulièrement alimentée par le président américain Donald Trump. Pourtant, à Tijuana, la majorité des Centraméricains tiennent à passer la frontière en toute légalité.
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Limiter le flux est une stratégie pour exaspérer les populations des deux pays, estime David Abud, de l’organisation "Pueblo Sin Fronteras" (Peuple sans frontières): "Les autorités américaines utilisent la caravane comme prétexte pour fermer la frontière et ainsi polariser les gens contre elle."
La réaction des habitants de Tijuana, où quelque 9000 personnes pourraient se retrouver concentrées ces prochaines semaines, oscille pour l'instant entre hostilité et solidarité.
Reportage: Emmanuelle Steels
Adaptation web: Mouna Hussain