C'est la deuxième plainte déposée par Sherpa, après que la première, en 2015, a été classée sans suite au début 2018. Mais cette fois, l'ONG n'est pas seule à monter au front.
Jusqu'ici en effet, les plaintes dénonçant les chantiers au Qatar ont été déposées par des ONG qui ont eu toutes les peines du monde à trouver des ouvriers prêts à témoigner des conditions inhumaines de travail pour des salaires de misère représentant 2% du salaire moyen au Qatar.
Mais pour la première fois des ouvriers s'associent à la procédure: six anciens employés indiens et népalais sont associés à cette plainte pour travail forcé, réduction en servitude, traite d'êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel, précisent les deux ONG dans un communiqué.
Des progrès, mais encore des inquiétudes
Cette plainte est un pavé dans la marre alors que l'Organisation internationale du travail (OIT) et la FIFA saluent les progrès effectués par le Qatar en matière de droit du travail.
Sherpa reconnaît que "les conditions de travail des employés de Vinci ont été améliorées à la suite de la procédure judiciaire de 2015 et de l'enquête de l'OIT". Mais elle ajoute que les faits incriminés remontent à la période 2014-2016 et que des faits inquiétants sont toujours rapportés par d’anciens ouvriers.
Les deux organisations humanitaires font état de la confiscation des passeports de travailleurs migrants contraints de travailler "entre 66 et 77 heures par semaine" pour "des rémunérations sans rapport avec le travail fourni", logés dans des conditions sommaires, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications, sans équipements suffisants pour les protéger, notamment de la chaleur (entre 40 et 50 degrés en été), qui aurait "provoqué un nombre anormalement élevé de décès" sur ces chantiers.
La FIFA reste sereine
De son côté, la FIFA reste sereine et se pose même en instrument de paix dans la région. Le président Gianni Infantino relève ainsi que sans l'organisation de la Coupe du monde, il n'aurait pas été possible de faire évoluer le droit du travail et les salaires minimums au Qatar. Et, dans le cadre de son projet d’élargissement du Mondial à 48 équipes au lieu de 32, il suggère que des pays voisins du Qatar organisent quelques rencontres.
Le patron de la FIFA s'adresse notamment à un rival du Qatar, l’Arabie saoudite. Sans prédire du succès de son initiative, il dit vouloir au moins essayer et ne pas avoir de regrets.
pd/boi avec reuters