La semaine passée, suite à une opération spéciale de l’armée israélienne au cœur de Gaza, près de 500 roquettes tirées par le Hamas se sont abattues sur les villes et villages israéliens alentours.
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Parmi les kibboutz ciblés, Kfar Aza, où vit Orit Zadikevitch, 47 ans. "J’ai fait entrer mes enfants dans la pièce sécurisée, raconte la mère de famille. Le lendemain, il n’y a pas eu d’école."
"Vers quatre heures de l’après-midi, les roquettes ont commencé. Je ne me souviens pas qu’il y en ait eu autant depuis la dernière guerre."
Pour ses quatre enfants, Orit se montre forte. Ce n'est qu'une fois la nuit venue que la peur la gagne. "J’ai l’impression de ne pas pouvoir respirer, je rêve qu’on vient me tuer, confie-t-elle."
La nuit, j’ai une telle sensation d’insécurité, que je me décompose. Vraiment.
Pourtant, impossible pour elle d'imaginer quitter la maison dans laquelle elle est née. "Je ne veux pas partir. Mes enfants ne veulent pas partir. Financièrement, je n’ai pas les moyens de recommencer ailleurs."
Un retour au calme provisoire
Après deux jours d'échange de tirs, un cessez-le-feu a été établi. Un calme apparent s'est réinstallé, mais il ne trompe pas cette population qui vit entre alertes aux roquettes et incendies déclenchés par des ballons lancés de Gaza.
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Jehan Berman, un Belge arrivé au début des années 2000 dans la région d'Eshkol, a été blessé en 2014 par un éclat d'obus, alors qu'il tentait de protéger sa femme et son fils. Il y a un mois, un ballon incendiaire est tombé à l'entrée de ses serres de géranium.
Nous, pauvres agriculteurs, vivons entre le marteau et l'enclume.
L'agriculteur désespère de voir la situation s'améliorer: "On est de plus en plus à envisager de changer d'endroit, parce que rien ne change. En face, ce sont les mêmes personnes qui ont failli me tuer il y a 4 ans. Ici, ce sont les mêmes personnes qui n'ont rien fait pour me protéger."
Manque de volonté politique
Le manque de volonté politique est également ce qui exaspère Gal Naim, habitant de la ville de Sderot. "Ce qui me gêne le plus, c’est qu’on ne nous dit rien sur la suite."
"Maintenant que la situation s’est calmée, que les conditions le permettent, personne ne cherche vraiment une solution au problème", regrette le trentenaire.
Une impression que partage Orit Zadikevitch: "S’ils rassemblaient tous les cerveaux du pays, les Egyptiens, l’ONU, qu'ils mettaient le problème en tête des priorités, je suis sûre qu’ils trouveraient une solution."
Retourner dans la bande de Gaza?
Mais quelle solution? Certainement pas celle d'entrer dans la bande de Gaza, soutient Ehud, 79 ans, qui a élevé ses 4 enfants au moshav Dekel, à l'intersection entre l'Egypte, Gaza et Israël.
Le fait que j’habite ici ne veut pas dire que je suis pour une entrée dans la bande de Gaza.
L'homme ne croit pas en cette solution prônée par le ministre Naftali Bennett, ultranationaliste religieux, qui a récemment exigé, en vain, de recevoir le portefeuille de la Défense.
"Je suis sûr que ce n’est pas une solution, assure Ehud. J’ai très peur de ça et de la possibilité que Bennett obtienne un poste où il ait son mot à dire."
Les craintes d'Ehud ne semblent pas infondées. À Jérusalem, le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Edan a indiqué qu’Israël n’avait jamais été aussi près de reprendre le contrôle d’une partie ou de toute la bande de Gaza.
Aude Marcovitch / mh