La Commission européenne sur le climat a présenté jeudi sa stratégie de lutte contre le changement climatique. Objectif; faire que l'Union européenne absorbe autant de gaz à effet de serre qu'elle n'en émet, et ainsi devenir la première grande économie avec un bilan climatique neutre.
Une stratégie ambitieuse saluée par David Cormand, secrétaire national pour le parti Europe Ecologie les Verts (EELV), à condition de s'en donner les moyens. Or l'UE met ses priorités sur d'autres dossiers, comme le sauvetage des banques, plutôt que le sauvetage de la planète, déplore le Français.
"Aujourd'hui, ce dont nous avons besoin, c'est d'une stratégie que nous, écologistes, évaluons autour de 1000 milliards d'euros sur 5 ans pour faire une transition énergétique digne de ce nom."
L'Europe peut agir sur plusieurs plans
L'investissement financier n'est de loin pas le seul levier que doit actionner l'Europe pour l'environnement. Sa législation est également trop laxiste, notamment avec les constructeurs automobiles, estime David Cormand.
La fiscalité est également un levier aux mains de l'Europe, explique le Vert français. Or, des accords internationaux exonèrent de taxes le kérosène et le fioul lourd, qui sont les carburants des avions et des porte-containers.
"Le 4e levier, c'est celui des services publics, qui sont un outil important pour développer les transports collectifs par exemple. L'Europe a trop tendance à vouloir les libéraliser, alors qu'on a besoin qu'ils protègent le bien commun et donc le climat."
L'écologie, le nouveau rêve européen
Face à une polarisation de l'Europe, entre statu quo libéral et repli nationaliste, le Parti vert européen veut proposer une 3e voie, écologique.
Ce nouveau rêve européen lierait les enjeux environnementaux aux problématiques sociales, explique le secrétaire national d'EELV, parce que ce mouvement "n'oppose jamais la menace de la fin du monde et la crainte de la fin du mois."
Le principal défi de l'Europe du 21e siècle, pour l'écologiste, est de réinventer un modèle de développement différent qui pourra inspirer les autres pays du monde. La COP24, qui commence lundi à Katowice, en Pologne, montrera si les grandes puissances suivent cet avis.
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Mouna Hussain
Propos recueillis par Cédric Guigon
Défendre son identité sans se couper du monde
Les tendances au repli nationaliste ne peuvent-elles pas être écologiques? "On ne peut pas faire l'écologie dans un seul pays", estime David Cormand. "La force de l'Europe, justement, est d'avoir la masse critique pour pouvoir faire front contre les lobbies et les intérêts particuliers."
Pour le Vert français, il est possible pour un pays de "défendre son identité tout en étant conscient de faire partie d'un grand tout, de la communauté humaine."
À quelques mois des élections européennes, le grand débat sera de savoir s'il faut une Europe-citadelle, ou une Europe qui assume son rôle de relation avec le reste du monde, tout en respectant ses territoires.