A Paris en 2015, 195 Etats s’étaient engagés à diminuer durablement leurs émissions de gaz à effets de serre. Trois ans après, les objectifs sont loin d’être atteints. En juin 2017, Donald Trump avait annoncé à la stupeur générale son retrait des accords sur le climat. "J’aimerais bien rencontrer Trump, pour lui montrer que si nous continuons "business as usual" comme disent les Américains, on va droit dans le mur", regrette le prince Albert II de Monaco dans l’émission Géopolitis.
La Chine, le plus gros pollueur de la planète, n’est quant à elle pas si mauvaise élève, explique le prince. "La Chine a très bien compris les enjeux de l’écologie, surtout quand ses problèmes environnementaux touchent à la santé publique, avec une pollution atmosphérique particulièrement compliquée. Elle s’engage beaucoup plus qu'on ne peut le penser", souligne Albert II, qui a rencontré le président Xi Jinping en septembre dernier.
"Petits pays comme grands pays, nous devons absolument garder nos engagements pris pendant les accords de Paris. Il faut absolument se tourner vers une économie décarbonée, qui gaspille moins, qui réduit les émissions de gaz à effet de serre, qui valorise le recyclage", argue le prince.
Si on continue comme ça, il y aura plus de déchets plastiques dans les océans que de poissons d’ici 2050.Albert II de Monaco
Urgence
Incendies en Californie, inondations en Afrique de l’Est, typhon ravageur aux Philippines, la planète subit de plein fouet les dérèglements climatiques. Les experts climats des Nations unies (GIEC) ont publié en octobre dernier un rapport inquiétant. La Terre s’est déjà réchauffée de 1,5 degré, et si des mesures radicales ne sont pas adoptées rapidement, les conséquences seraient dramatiques: disparition de 99% des récifs coraliens, indispensables à la vie sous-marine ou migrations forcées en raison de la sécheresse et de la montée des eaux.
"Ce rapport est alarmant, mais il doit surtout nous inciter à être plus déterminés que jamais à trouver des solutions écologiques. Si on continue comme ça, avec la pêche non raisonnée, illégale et non reportée, il y aura plus de déchets plastiques dans les océans que de poissons d’ici 2050", s’inquiète le prince Albert II de Monaco.
Derrière le faste
Depuis 700 ans, la famille Grimaldi règne sur la principauté monégasque. Prospère et hypermédiatisée, Monaco reflète une image de luxe, de faste mondain. "C’est facile de regarder seulement le côté carte postale de la principauté, ses clichés, le luxe, le casino, mais il y a bien plus que ça !", soutient le prince Albert II.
A l’étroit sur ses 2 km2, Monaco s’agrandit sur la mer. Un nouveau quartier de 6 hectares devrait voir le jour à l’horizon 2025. Mais la principauté tient à préserver sa flore sous-marine et engage des moyens colossaux pour y parvenir. A côté de son traditionnel Grand prix de Formule 1, Monaco accueille depuis 2015 une course de voitures électriques, la Formule E. "C’est un formidable banc d’essai et une formule qui devient de plus en plus compétitive", se réjouit le prince.
La principauté sera aussi présente à la COP24 en Pologne. "Il y a très peu de grands pays qui restent dans le rythme et dans la progression de leur limitation des gaz à effet de serre. Mais je pense que c’est pour cela qu'il y a tous ces rapports, toutes ces réunions intermédiaires, c’est pour vérifier que tout le monde reste bien dans les engagements forts pris à Paris", affirme-t-il. D’ailleurs, une torche solaire, baptisée "Light Us", a fait le voyage depuis la principauté jusqu'à Katowice.
Audrey Magat