Fin octobre, après 18 ans de règne, Angela Merkel annonçait ne pas se représenter à la présidence du parti suite à un nouveau revers dans une élection régionale.
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Les 1001 délégués de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) se retrouvent jeudi soir à Hambourg pour un congrès qui doit durer 48 heures. Vendredi, ils départageront trois candidat.e.s.
Les trois candidat.e.s à la présidence de la CDU:
Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK)
Le changement dans la continuité
Seule candidate femme
,
cette forte personnalité de la CDU est communément désignée par son acronyme, AKK.
Ministre-Présidente du Land de la Sarre
de 2011 à 2018, Annegret Kramp-Karrenbauer est considérée comme la candidate naturelle d'Angela Merkel.
Tout comme la chancelière allemande, cette "mini Merkel" est très bonne négociatrice. La candidate à la présidence de la CDU se montre cependant plus conservatrice sur certains thèmes de société, comme le mariage homosexuel ou l'avortement.
Un autre atout non négligeable de la quinquagénaire est qu'elle a été Secrétaire générale de la CDU, et connaît ainsi tous les cadres du parti.
L'avis de la journaliste Kirsten Dunz, auteur d'un livre sur Annegret Kramp-Karrenbauer:
"AKK a des chances d'être élue parce qu'elle est très engagée, a des positions claires, sait se battre et a beaucoup d'expérience. Comme Merkel, elle a l'habitude de trouver des compromis, mais elle est d'un autre côté plus dure, ce qui lui permet de mieux représenter le noyau du parti."
Friedrich Merz
Un candidat surprise
Retiré de la politique depuis près de 10 ans
, l'annonce de candidature de Friedrich Merz a créé la surprise en Allemagne. En 2002, Angela Merkel avait pris sa place à la présidence du groupe parlementaire de la CDU/CSU. Même s'il le nie,
le candidat a une revanche à prendre sur la chancelière
, avec qui il incarne une rupture, et pourrait ainsi rafler les voix anti-Merkel.
Economiquement parlant, Friedrich Merz a un profil très libéral. En quittant la politique, il s'est reconverti dans le milieu de la finance comme avocat d'affaires, et est lobbyiste à la tête du conseil de surveillance de la filiale allemande de Black Rock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde.
Son appartenance au Land de la Rhénanie du Nord Westphalie, qui envoie presque 300 délégués à Hambourg, lui confère aussi un avantage. Mais, avec un statut de millionnaire, il lui est reproché de ne pas être proche des gens, en plus d'être souvent imprévisible.
L'avis de Michaël Brocker, rédacteur en chef au Rheinische Post:
"Annegret Kramp-Karrenbauer est en tête car les délégués ne veulent qu'une chose, c'est garder leur mandat ou en remporter un autre. En plus d'être la plus populaire, elle se trouve au milieu de l'échiquier politique.
"Alors que Friedrich Merz est un impulsif. Certains autour de lui disent même qu'il peut être colérique. Et chacun sait qu'il ne peut pas tenir plus d'une minute dans une pièce avec Angela Merkel."
Jens Spahn
Un charisme prometteur
Actuel ministre de la santé, Jens Spahn, n'aurait, selon les projections, aucune chance d'être élu à la tête de la CDU, dont il est représentant de l'aile conservatrice. Charismatique, l'homme de 38 ans, homosexuel assumé, promet pourtant d'être une figure montante du parti.
Egalement anti-Merkel, il a forgé sa candidature sur une rupture à l'égard du bilan migratoire de la chancelière. Mais l'image de ce natif du village d'Ottenstein, en Rhénanie du nord-Westphalie, est assombrie par une certaine froideur et sa réputation d'ambitieux.
L'élection se joue donc entre les deux premiers candidats. Selon les sondages, Annegret Kramp-Karrenbauer est plus populaire et plus crédible, auprès des Allemands mais aussi des électeurs de la CDU.
Ces dernières semaines, c'est pourtant Friedrich Merz qui l'a plus souvent emporté à l'applaudimètre lors des conférences régionales. Aux délégués du parti conservateur de trancher vendredi.
Blandine Milcent / Mouna Hussain