Le sociologue a souligné le fait qu'il s'agit d'une "forme de lutte de classes par le haut qui suscite et qui crée le terreau d'une réaction par le bas", pointant du doigt "Macron et tout son mépris".
La révolte n'est pas uniquement économique mais aussi "sociale", ajoute-t-il, considérant que la classe qui s'exprime "rappelle à la France qu'elle existe".
La gauche aussi responsable des inégalités
Le syndicaliste rappelle l'impact des décisions prises sur les classes sociales, estimant qu'augmenter le prix de l'essence et baisser l'aide sociale n'a peut-être que peu d'influence sur les classes urbaines et intellectuelles, "mais cela peut changer la fin d'un mois pour des personnes et je pense que cela a été oublié".
Un oubli qu'il impute également à une partie de la gauche, notamment celle qui se reconnaît dans un discours moderniste et qui "a totalement oublié qu'il y a des inégalités sociales et qu'il existe des classes défavorisées qui en souffrent".
"En Suisse, la conflictualité sociale est moins visible mais elle existe"
Interrogé sur le modèle suisse, qui se traduit entre autres par une imposition moins forte qu’en France, le syndicaliste genevois reste prudent.
Citant le futur accord trouvé entre employés et employeurs dans le secteur de la construction, il estime que cela a justement démontré que les "marges de redistribution n’existent plus automatiquement" et qu’au contraire, "il faut se battre et s’organiser pour décrocher les quelques augmentations de salaires.
"Avoir un pays comme la Suisse, où la conflictualité sociale est moins visible, ne signifie pas que les inégalités ou les conflits n’existent pas", rappelle le sociologue. Au contraire, ces conflits peuvent être "beaucoup plus individualisés et plus atomisés", estime-t-il.
En ce sens, Alessandro Pelizzari est d’avis que "la souffrance collective" des gilets jaunes est peut-être "la meilleure psychothérapie de groupe contre le dépression qu’on voit dans nos pays, comme en Suisse".
Propos recueillis par Darius Rochebin
Adaptation web: Tristan Hertig et Nicolas Kalbfuss
"Il est temps que la peur change de camp"
Au sujet de la crainte que peuvent éprouver les autorités françaises, Alessandro Pelizzari estime qu'il est maintenant temps "que la peur change de camp".
"C'est bien que des personnes comme Macron commencent à avoir peur, car des salariés connaissent cette peur quotidiennement", a déclaré le syndicaliste genevois, estimant légitime que le mouvement des gilets jaunes "s'exprime aujourd'hui dans la rue".