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Les images de l'arrestation de lycéens en France soulèvent l'indignation

Gilets jaunes, tollé en France suite à une manifestation de lycéens violemment réprimée
Gilets jaunes, tollé en France suite à une manifestation de lycéens violemment réprimée / 12h45 / 2 min. / le 7 décembre 2018
Les images de l'arrestation de 151 personnes jeudi devant un lycée de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, lors de manifestations estudiantines soulèvent une vague d'indignation, alors que les autorités rappellent le contexte particulièrement violent.

Une vidéo diffusée par Franceinfo et plusieurs médias français montre des dizaines de jeunes à genoux, les mains dans le dos ou sur la tête. Ils sont entourés par de nombreux policiers. Si on ignore pour l'heure qui a tourné ces images, elles suscitent une indignation générale dans la classe politique française et sur les réseaux sociaux.

Selon Franceinfo, les jeunes ont été interpellés devant leur lycée pour "participation à un attroupement armé" et les policiers n'avaient pas assez de menottes, ce qui les a forcés à les placer dans cette position. Les lycéens protestaient contre la réforme des études en France mais aussi pour soutenir les gilets jaunes.

Toujours selon le média français, qui cite la police, plusieurs dizaines de personnes, pour la plupart encagoulées, ont manifesté violemment, forçant la police à intervenir. Elles portaient des bâtons, des battes de baseball et du gaz lacrymogène et elles ont incendié des voitures.

"Intolérable", "indigne", "dictature militaire"

Si les circonstances de ces arrestations demeurent peu claires, elle ont fortement fait réagir. "Ce qui s’est passé avec les lycéens de Mantes-la-Jolie (...) est simplement intolérable", a ainsi estimé l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot sur Twitter, en publiant la vidéo en question.

"Glaçant, inadmissible. Cela n’est pas la République. La jeunesse française humiliée. Mais que cherche le pouvoir sinon la colère en retour?", a de son coté tweeté l'ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, alors que la sénatrice écologiste Esther Benbassa a fait part de sa colère sur le même réseau: "La France, pays des droits de l’homme. Comment certains policiers y traitent les mineurs. Où vivons-nous donc ? Sous quel régime?"

La conseillère de Paris du Parti de gauche Danielle Simonnet a pour sa part évoqué une "dictature militaire", alors que son collègue de parti et député Eric Coquerel a exigé une réaction du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner après ces actes "indignes".

Interrogé par Le Monde, le secrétaire général du syndicat CGT Philippe Martinez a estimé que "le gouvernement joue avec le feu", ajoutant: "On ne frappe pas des gamins."

Le ministre rappelle le contexte

Du côté des autorités, on tente de calmer le jeu. Interrogé par Franceinfo, Thierry Laurent, directeur de cabinet du préfet des Yvelines, juge que "ces images sont indubitablement dures et inhabituelles", mais qu'il faut "les mettre en rapport avec les violences qui ont été commises à Mantes-la-Jolie par ces individus depuis trois jours".

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer s'est dit "choqué", tout en rappelant le contexte: "Il y a eu des images choquantes parce que nous sommes dans un climat de violence exceptionnelle. (...) Il faut faire très attention aux images découpées. Il faut savoir ce qui s'est passé avant, le contexte dans lequel elles se sont passées", a déclaré le ministre sur France Inter. Benoît Hamon a immédiatement dénoncé "une justification froide et dénuée d'empathie".

Devant la presse, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a aussi demandé de replacer ces images dans un contexte de violences commises par les jeunes. Il s'est toutefois engagé à rendre publiques les conclusions des enquêtes menées au sujet des 151 interpellations. Il a ajouté que la colère des gilets jaunes avait été entendue, tout en regrettant la présence d'éléments radicaux parmi eux. Les gilets jaunes ne sont à ses yeux plus qu'une "petite minorité": Un "monstre a échappé à ses géniteurs", a-t-il conclu.

Avant un samedi sous tension

Ni le Premier ministre Edouard Philippe, ni le président Emmanuel Macron n'ont réagi. Le chef de l'Etat a simplement communiqué qu'il s'exprimerait en début de semaine prochaine sur la crise des gilets jaunes, alors que l'exécutif et les forces de l'ordre s'attendent à un nouveau samedi de violences à Paris et en province, le quatrième depuis le début de ce mouvement.

>> Lire aussi : Des "moyens exceptionnels" mobilisés face aux "gilets jaunes" ce samedi

Selon les autorités, 300 lycées et collèges en France ont été perturbés jeudi et 80 d'entre eux ont été bloqués par des élèves. Plusieurs incidents ont conduit à 700 interpellations sur tout le territoire.

"Il y a beaucoup de non-lycéens qui se mêlent à cela, et ce sont souvent malheureusement les lycéens qui se sont font prendre parce que les autres sont des professionnels de la violence", a souligné Jean-Michel Blanquer, en appelant "au calme".

Frédéric Boillat

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