Des gaz lacrymogènes aux abords des Champs-Elysées, le Drugstore de Publicis de l'avenue attaqué, des vitrines brisées, des barricades ou des voitures incendiées sur les Grands-Boulevards où les véhicules blindés de la gendarme ont été déployés... Des points de tension se sont créés dès le début d'après-midi, alors qu'aucun incident majeur ne s'était produit jusqu'au début de soirée.
Les violences ont toutefois été moins marquées que la semaine passée en raison de la présence massive et active des forces de l'ordre.
125'000 manifestants en France, plus de 1300 interpellations
D'après les chiffres fournis samedi par le ministère de l'Intérieur, les manifestations ont réuni 125'000 personnes dans toute la France, dont 10'000 à Paris.
Il est fait état de 1385 interpellations dont 920 à Paris, pour un nombre total provisoire de 975 gardes à vue. Les interpellations concernent notamment des manifestants en possession de marteaux, de boules de pétanque, de pavés, de masques... Un nombre d'arrestations qui reste quoi qu'il en soit bien plus important que le total des interpellations effectuées samedi dernier.
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Par ailleurs, 118 personnes ont été blessées dont 71 à Paris, selon la préfecture de police. Dix-sept des blessés font partie des forces de l'ordre.
"Le dialogue doit se poursuivre"
En début de soirée et alors que les manifestations semblaient se calmer, des membres du gouvernement ont décidé de prendre la parole. Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, a estimé que la situation était "maîtrisée" samedi soir à l'issue d'une journée de mobilisation des "gilets jaunes".
Le Premier ministre Edouard Philippe a pour sa part averti lors du même point presse que "la vigilance et la mobilisation restaient de mise" parce que des "casseurs" étaient toujours à l'oeuvre samedi soir.
"Il faut désormais retisser cette unité nationale par le dialogue, par le travail, par le rassemblement", a-t-il ajouté en soulignant qu'Emmanuel Macron proposerait des mesures à même d'atteindre cet objectif après l'amorce d'un dialogue avec les "gilets jaunes" vendredi avec le Premier ministre.
"Ce dialogue a commencé, il doit se poursuivre", a-t-il conclu.
Mesures de sécurité exceptionnelles
Dans la crainte de la répétition d'affrontements violents qui ont choqué dans le pays et à l'étranger et dont les images ont fait le tour de la planète, nombre de musées, dont celui du Louvre, des grands magasins et la Tour Eiffel ont été fermés à Paris. De nombreux commerces, notamment dans l'Ouest parisien qui concentre les lieux de pouvoir, ont été barricadés avec des panneaux de bois.
Des mesures de sécurité exceptionnelles ont ainsi été décrétées partout en France. Quelque 89'000 membres des forces de l'ordre sont mobilisés, dont 8000 à Paris, ainsi que 14 "VBRG", véhicules blindés à roue de la gendarmerie.
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Echauffourées à Lyon
La manifestation de plusieurs milliers de "gilets jaunes" à Lyon a pour sa part été marquée par de violentes échauffourées entre groupes armés de bouteilles et fumigènes lancés contre les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes.
Aux cris de "Macron démission", "Macron rends le pognon", le cortège avait défilé dans un calme relatif dans la Presqu'île, au centre de la ville, entre Rhône et Saône, en début d'après-midi. Puis la tension est rapidement montée quand la manifestation a voulu se diriger vers la préfecture sur la rive opposée du fleuve. Neuf interpellations avaient eu lieu vers 16H00, "un nombre appelé à évoluer", selon la préfecture.
Tensions en Province
Dans les autres régions, la situation semblait relativement calme même si le réseau routier et autoroutier connaissait des perturbations dans la matinée avant des manifestations prévues dans l'après-midi dans plusieurs grandes villes.
Des dizaines de personnes ont été interpellées à Toulouse, Bordeaux et Grenoble. Un des leaders des "gilets jaunes" de Grenoble a été interpellé samedi au motif qu'il serait l'organisateur de la manifestation non autorisée qui se déroule dans la ville. A Bordeaux, des barricades et des poubelles ont été incendiées et du mobilier urbain a été dégradé. La situation restait tendue en début de soirée.
Du côté de Marseille, 2000 "gilets jaunes" ont défilé dans le calme depuis le Vieux port vers la préfecture de région, avant de rejoindre pour certains d'entre eux une manifestation pour le climat en début d'après-midi, qui a réuni 10'000 personnes, selon la préfecture de police.
Le mouvement touche aussi la Belgique et les Pays-Bas
Environ 400 personnes ont été arrêtées samedi à Bruxelles et un policier a été blessé pendant un rassemblement de "gilets jaunes" belges, qui a réuni un millier de manifestants, a-t-on appris auprès de la police locale.
"Un policier a été blessé au visage. Il a été transporté à l'hôpital, mais ses jours ne sont pas en danger", a expliqué un porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles.
Certains "gilets jaunes" ont jeté des projectiles, notamment des pavés, sur les forces de l'ordre à hauteur du quartier des institutions européennes, entièrement fermé à la circulation des véhicules et des piétons, a-t-elle ajouté.
⚠️ ca bouge à #Bruxelles au niveau de la commission européenne #giletsjaunesbruxelles #giletsjaunes #8decembreParis #8decembre #YellowVest pic.twitter.com/KL8uxs4Lvb
— Gilets Jaunes Le Mouvement (@GiletsJaunes_Of) 8 décembre 2018
Aux Pays-Bas, plusieurs "gilets jaunes" ont également manifesté à La Haye, à Maastricht, à Groningue, à Eindhoven ou encore à Rotterdam. Outre la démission du gouvernement du Premier ministre de droite Mark Rutte, les participants ont appelé à un retrait de l'Union européenne, à un abaissement de l'âge de la retraite et à la levée des mesures de protection de l'environnement, selon le journal d'Amsterdam "Het Parool".
jzim/jvia/ther avec agences
Une mobilisation qui coïncidait avec celle des "gilets verts" pour le climat
Quelques dizaines de milliers de personnes participaient samedi à des marches pour le climat dans plusieurs villes de France, dont certains portaient des gilets jaunes, avec des slogans appelant à lutter dans un même élan contre l'urgence climatique et l'urgence sociale.
Des marches étaient annoncées dans plus de 120 villes en France dans le cadre d'un appel international de dizaines d'ONG et syndicats, à l'occasion de la Conférence de l'ONU sur le climat (COP24) qui se déroule en Pologne.
A Paris, plusieurs milliers de personnes -- 25.000 selon les organisateurs -- dont certaines revêtues de gilets jaunes, ont rallié la place de la République peu après 16H00, dans une ambiance très familiale.
"Gilets jaunes, Gilets verts, on exprime la même colère", scandait la manifestation, partie de Nation, qui devait se poursuivre avec des prises de paroles et un concert place de la République, avec pour mot d'ordre fête et non-violence.
Donald Trump relève encore une fois les manifestations en France
Donald Trump, qui a retiré les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat de 2015, a vu samedi dans la nouvelle journée de mobilisation des "gilets jaunes" en France le signe que ce cadre conçu pour lutter contre le réchauffement climatique ne "marche pas si bien".
"L'accord de Paris ne marche pas si bien pour Paris. Manifestations et émeutes dans toute la France", a-t-il écrit samedi sur Twitter.
The Paris Agreement isn’t working out so well for Paris. Protests and riots all over France. People do not want to pay large sums of money, much to third world countries (that are questionably run), in order to maybe protect the environment. Chanting “We Want Trump!” Love France.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 8 décembre 2018