"Attention, individu dangereux, surtout n'intervenez pas vous-même", a mis en garde la police nationale sur son compte Twitter, décrivant un individu de 1,80 m, "peau mate" et "corpulence normale", et appelant toute personne en possession "d'informations permettant de le localiser" à composer le 197.
Pas moins de 720 membres des forces de l'ordre traquaient cet homme de 29 ans. Il "ne peut être exclu" qu'il soit passé en Allemagne, a indiqué le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez, ajoutant qu'un "bouclage des frontières a été assuré".
L'homme est "très connu" de la justice, pour des faits de droit commun, "principalement" des vols et violences. Il a été condamné à 27 reprises, en France mais aussi en Allemagne et en Suisse, et incarcéré plusieurs fois, a déclaré le chef du parquet antiterroriste, Rémy Heitz.
En prison, il s'est radicalisé et a eu une "attitude prosélyte" en 2015, ce qui lui a valu d'être inscrit sur le Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), a précisé le procureur lors d'une conférence de presse à Strasbourg.
Armes et couteau
"Au regard du lieu ciblé, du mode opératoire employé par l'assaillant, de son profil et des témoignages recueillis auprès de ceux qui l'ont entendu crier 'Allah Akbar', la section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie des faits", a-t-il déclaré.
Sur le marché de Noël de Strasbourg, qui accueille deux millions de visiteurs par an, l'assaillant a "ouvert le feu à plusieurs reprises avec une arme de poing et utilisé un couteau", a ajouté le procureur. Blessé dans des échanges de coups de feu avec les forces de l'ordre, il est ensuite monté dans un taxi pour prendre la fuite.
Proches en garde à vue
Alors que la police était toujours à la recherche du suspect, quatre de ses proches étaient encore en garde à vue, mercredi en milieu de journée, a précisé le procureur Heitz. Il s'agit de ses parents et de deux frères du suspect, selon des sources proches de l'enquête.
Le procureur a également annoncé que deux personnes sont mortes et une autre est en état de mort cérébrale. Un précédent bilan faisait état de trois morts. Douze autres personnes ont été blessées, dont six sont toujours en état d'urgence absolue. Les victimes ont entre 20 et 65 ans et se partagent à peu près également entre hommes et femmes, selon des sources hospitalières. Selon le maire de Strasbourg, Roland Ries, un touriste thaïlandais figure parmi les victimes.
Dans le centre-ville de Strasbourg sous le choc, le grand glas de la cathédrale de Strasbourg a sonné durant 10 minutes à midi "pour s'unir à la souffrance des victimes et de tous les Strasbourgeois", selon l'évêché.
Le Parlement européen, qui siège cette semaine à Strasbourg, a également observé une minute de silence. Place Kléber, centre névralgique de la ville, des passants ont commencé à rendre hommage aux victimes par des inscriptions "je suis Strasbourg" et quelques bougies et pétales de roses.
Marché de Noël encore fermé jeudi
Le marché de Noël de Strasbourg restera fermé jeudi, a annoncé mercredi la ville dans un communiqué. Les animations et événements prévus sur l'espace public, places et parcs sur le territoire de Strasbourg, sont annulés ainsi que les différents marchés d'approvisionnement", a-t-elle ajouté.
En revanche, "l'ensemble des équipements culturels et sportifs de la ville rouvriront normalement" jeudi, tout comme "les écoles maternelles et primaires, les accueils de loisirs et les structures de petite enfance", a précisé la ville de Strasbourg.
agences/lan
>> Le récit d'Anne Fournier depuis Strasbourg:
"Mesures de sécurité assouplies"
Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg, qui a connu dans le passé des menaces d'attentat, est protégé en permanence par un important dispositif de surveillance. La ville abrite par ailleurs le siège du Parlement européen.
"Depuis 2015, il y a eu une vigilance accrue autour de ce marché de Noël et du centre-ville de Strasbourg. Plusieurs passages étaient gardés et verrouillés, avec un contrôle et une fouille systématique de toute personne qui rentrait et qui sortait dans le centre-ville. Cela a permis ces dernières années d'éviter au moins deux attaques de ce même type", a déclaré mercredi Alexandre Vautravers, expert en questions de sécurité au Global Studies Institute de l'Université de Genève, dans La Matinale de la RTS.
"Cette année, malheureusement, les mesures de sécurité ont été assouplies, la menace était peut-être considérée comme moins importante. Cette situation aurait probablement pu être évitée si les mêmes mesures que les années précédentes avaient été prises", a estimé Alexandre Vautravers.
>> L'Interview d'Alexandre Vautravers dans La Matinale:
"Pas besoin de déclencher l'état d'urgence"
La garde des Sceaux Nicole Belloubet a estimé mercredi que la France pouvait "réagir" après l'attaque de Strasbourg qui a fait deux morts la veille, "sans avoir à déclencher l'état d'urgence", une mesure d'exception.
"Les lois adoptées récemment par notre gouvernement permettent de déployer un certain nombre de mesures qui nous ont permis d'éviter jusqu'à présent au moins six attentats", a souligné Nicole Belloubet.