Qu'est-ce qui réunit Donald Trump et le nouveau président brésilien Jair Bolosonaro? Y a-t-il un point commun entre les gilets jaunes et le Mouvement 5 étoiles en Italie? Leur style. "Viril, macho, volontiers gouailleur, voire vulgaire, car le populisme c'est aussi une affaire de style", insiste Jean-François Bayart dans Géopolitis.
Pour le professeur au Graduate Institute de Genève, Silvio Berlusconi en est "une pure incarnation". Précurseur du populisme en Europe, "il a installé l'Italie dans une forme de vulgarité politique que reprennent à présent volontiers La Ligue et le Mouvement 5 étoiles".
Une attitude qui n'est pas sans rappeler celle de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était président en France: "Lui aussi a institué la vulgarité comme style politique licite" en traitant par exemple un citoyen de "pauvre con". On est loin du général de Gaulle qui répondit "Vaste programme, cher ami" à un individu qui lui avait lancé "Mort aux cons!"
Rejet de la politique néo-libérale
Autre point commun entre les mouvements populistes à travers le monde, l'affirmation identitaire trouve un écho particulier auprès des citoyens. "L'identité, c'est une réaction par rapport à la globalisation, un peu comme l'huitre sous le citron", explique Jean-François Bayart.
"America first", le slogan de la politique étrangère de Donald Trump, illustre ce mécanisme. Le président américain joue sur "l'exaltation du nationalisme" et sur "le protectionnisme économique" auprès de son électorat.
En France, le mouvement des gilets jaunes incarne aussi la fronde contre la mondialisation. "On assiste au rejet de trente ans de politique néo-libérale. Les gens n'en peuvent plus", explique le politologue.
Emmanuel Macron représente la quintessence de la condescendance des élites parisiennes.
Jean-François Bayart rappelle que ni la mondialisation ni l'intégration européenne n'ont permis aux classes moyennes, en France et ailleurs, de trouver leur compte. "Il y a eu une réduction du niveau de vie, une aggravation des inégalités et la destruction des services publics. Les gens n'en peuvent plus. Sans parler de la condescendance des élites parisiennes dont Emmanuel Macron est la quintessence".
Kevin Gertsch