Avec le RIC, les citoyens français pourraient lancer l’idée de soutenir une nouvelle loi ou d'en abroger d’autres. Cette idée serait ensuite soumise au vote, mais le champ d’application n'est pas clair: certains voudraient que le RIC puisse également servir à révoquer le mandat d'un représentant, voire à destituer le président.
Le système politique suisse et ses initiatives populaires animent par conséquent le débat public français depuis quelques jours. Certaines émissions télévisées font notamment un effort de pédagogie pour expliquer le modèle helvétique en invitant des historiens, des politiciens ou des journalistes.
"Cliques affairistes et lobbyistes"
Si le système suisse est souvent présenté comme un modèle vertueux par les observateurs français, des voix plus critiques se font entendre, entre méfiance et imprécisions.
"Un référendum d'initiative populaire commence toujours en Suisse par une question de gauche. Faut-il instituer un Smic? Faut-il faire un revenu universel? Faut-il supprimer les privilèges fiscaux de certains cantons? Et les résultats sont négatifs. Mais, en revanche, on peut supprimer les minarets", a par exemple déclaré mardi François Sureau, avocat et écrivain, sur les ondes de la radio France Inter.
"Quelqu'un vantait la grande démocratie cantonale helvétique, mais voyez les thèmes des votations: ils sont très souvent le fait de quelques cliques affairistes et de quelques lobbyistesqui, à la fin, sont d’ailleurs démasqués", lâchait pour sa part en juillet Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale. Ses déclaration ont ressurgi dans les médias ces dernières heures.
Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a critiqué le système démocratique suisse. Les images datant du 16 juillet dernier ont été reprises sur Twitter par Guillaume Barrazone. #RIC #RichardFerrand #AssembleeNationale #France3 #France #GiletsJaunes pic.twitter.com/No7jPmvu8q
— RTSinfo (@RTSinfo) December 18, 2018
Mauvaise réputation
Pour Lauréline Fontaine, professeure de droit public à l'Université de Paris 3, la méfiance envers le référendum, en France, ne date pas d'hier. "Sa réputation est très mauvaise depuis son usage napoléonien. Beaucoup plus tard, l'usage gaullien n'a pas amélioré la réputation du référendum, qu'on assimile souvent à un plébiscite", a-t-elle expliqué lundi dans le 19h30 de la RTS.
"Il me semble que les Suisses croient à la vertu de leur régime, notamment grâce au référendum. Est-ce que la mise en place d'un tel instrument en France serait de nature à créer cette cohésion, cette croyance dans la vertu du régime politique français?", s'est-elle questionnée.
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Quand Emmanuel Macron s'exprimait sur le modèle suisse
Invité de la RTS en janvier dernier, le président français Emmanuel Macron commentait le modèle suisse de démocratie directe. "On n’en est pas encore aux votations", disait-il, "mais je suis pour une Europe plus démocratique et pour créer plus d’adhésion."
La France s'intéresse actuellement du modèle suisse de démocratie directe, mais ce débat est récurrent. Emmanuel Macron répondait à la question de savoir si le système suisse pouvait inspirer l’Europe et la France: "Faire des votations régulières dans toute l’Europe peut être lourd, mais il faut une Europe plus souveraine, plus unie, plus démocratique."
L'interview d'Emmanuel Macron le 28 janvier 2018 dans Pardonnez-moi: